Parmi les quatre Évangiles qui racontent la vie du Christ, l’Évangile selon Jean est considéré comme le plus élevé. Ce n’est pas par hasard si son auteur, l’apôtre Jean, porte le titre de « Théologien », et dans l’iconographie orthodoxe, le symbole d’un aigle planant haut dans le ciel lui est accordé. Rappelons également que c’est notamment l’apôtre Jean qui était le disciple du Christ le plus aimé.
L’Évangile de Jean commence par un prologue (c’est-à-dire une introduction) qui parle de la divinité du Christ. Comme vous le savez, ce prologue est lu lors de la plus grande fête – Pâques.
Le prologue se caractérise par un style élevé et métaphysique. Il se divise en trois parties : dans la première, il s’agit de la divinité du Christ et de son rôle dans la création du monde, et le Christ estappelé ici le « Verbe » (1-5) ; dans la deuxième partie, il est dit que le Christ est venu vers l’humanité, mais que certains l’ont accepté tandis que d’autres non (9-13) ; et enfin, dans la troisième partie, il est raconté que le Verbe de Dieu s’est incarné et est devenu homme (14-18).
Les chercheurs du Nouveau Testament notent qu’il n’existe nulle part dans le Nouveau Testament un enseignement aussi élevé sur le Christ que dans ce prologue. On l’appelle même « haute christologie ». Il expose deux dogmes fondamentaux sur le Christ : le dogme de Sa divinité et le dogme de Son incarnation.
Passons maintenant au texte : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. » (Jn 1,1-2).
Tout d’abord, le prologue commence presque par la même phrase que le premier livre de la Bible, « Genèse ». Mais si l’Ancien Testament parle du commencement du monde : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gen. 1,1), le Nouveau Testament parle de l’éternité intemporelle, du Verbe deDieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jean 1,1).Ici le prologue exprime un enseignement de l’Église, sur la divinité du Verbe. Plus loin, l’apôtre Jean précisera que par le Verbe, il entend le Fils de Dieu, Jésus-Christ.
Ensuite, dans le prologue, il est dit que c’est précisément le Verbe de Dieu qui a créé notre monde : « C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,3-5).
Parfois, nous pensons que le monde a été créé par Dieu le Père. Et que le Christ, Fils de Dieu, s’est seulement incarné et a prêché aux gens. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. L’apôtre Jean précise que le monde a été créé précisément par le Verbe de Dieu. La Bible le dit ainsi : « Et Dieu dit : que la lumière soit ! » (Gen. 1). Et si pour l’Ancien Testament le mot « dit » est tout simplement une métaphore, pour nous, c’est déjà le Verbe divin réel – le Christ. Ainsi, lorsque Dieu créait le monde par Son Verbe, Il le créait par Son Fils. Il n’est pas surprenant que de nombreux saints Pères aient appelé le Christ le « Verbe-créateur » et « les mains de Dieu le Père ».
Ensuite, l’apôtre Jean raconte l’histoire de Jean-Baptiste, qui a été envoyé par Dieu pour « toucher » les gens, pour leur transmettre un témoignage important que Jésus est le Christ, Fils de Dieu, Messie et Sauveur de l’humanité : « Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. » (Jn 1,6-8).
Le Christ est descendu sur terre et s’est incarné. Dans la grande majorité, le peuple juif n’a pas accepté le Christ, mais c’est toute l’humanité qui croit en Lui. Maintenant le christianisme est la religion la plus répandue sur la planète, et c’est précisément à travers le Christ que nous percevons Dieu tel qu’Il est en vérité : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. » (Jn 1,9-13).
Pourquoi l’apôtre Jean insiste-t-il ici sur le fait que les enfants de Dieu ne naissent pas de la chair et du sang, mais de Dieu? En effet, par cette affirmation, l’apôtre dénonce une grande erreur qui s’insinue parfois dans telle ou telle religion : l’élitisme, l’appartenance à la foi sur des critères nationaux. C’est la théorie selon laquelle seules les personnes d’une certaine nationalité sont agréables à Dieu, tandis que les autres ne le sont pas. Une telle idée n’est rien d’autre qu’un chauvinisme religieux. Absolument tous les hommes, de toutes nationalités, sont agréables à Dieu, et il n’y a pas ceux qui sont meilleurs ou ceux qui sont pires. Tous sont frères et sœurs et tous sont appelés à la vie éternelle en Dieu.
Ensuite, nous arrivons à une phrase qui est le fondement et la base du christianisme : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14).
C’est seulement dans le christianisme que Dieu devient homme, que Dieu s’incarne. C’est seulement dans le christianisme que Dieu se rapproche à nous, les pécheurs, à tel niveau, que même notre corps physique est entièrement divinisé et devient divin. Saint Athanase, qui a vécu au IVe siècle, disait : « Dieu est devenu porteur de l’homme (anthropophoron) afin que l’homme puisse devenir porteur de Dieu (theophoron). » Par cette proximité avec nous, Dieu nous transforme, Dieu nous sauve de la mort et du tourment éternel, Il nous rend le bonheur éternel et cette proximité avec Lui que nous avons perdus dans le Paradis. C’est là la plus grande joie.
Pardonnez-moi cette comparaison « triviale », mais imaginez, qu’une fois vous avez tout perdu : vos documents, votre argent, votre portable, vos clés. Vous savez que de nombreuses difficultés et désagréments vous attendent. De plus, vous avez enfreint le code de la route, vous avez accidenté votre voiture, cet pourquoi vous êtes convoqués à la police. Et soudain, quelqu’un arrive chez vous et vous rend tout ce que vous avez perdu et dit qu’il a réglé touts les problèmes avec la police et même a réparé votre voiture. Et pour cela il ne demande rien. Vous serez heureux et exultant, vous aller certainement embrasser et remercier cet homme. C’est exactement ainsi que se déroule notre salut. Mais ici, la joie est bien plus grande, car il s’agit de notre destinée éternelle.
Ensuite vient le passage où l’on retrouve à nouveau le témoignage de Jean-Baptiste affirmant que le Christ est le véritable Messie de Dieu : « Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. » Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jn 1,15-17).
Dans l’Ancien Testament, à travers Moïse, Dieu a donné à l’humanité la loi de la vie, les Dix Commandements. Mais dans le Nouveau Testament, à travers Jésus-Christ, Dieu nous offre « la grâce et la vérité », c’est-à-dire la plénitude absolue de l’amour divin, de la miséricorde, de la grâce et de la vérité qui nous mènent vers la sainteté et la perfection.
Le prologue se termine par cette phrase : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. » (Jn 1,18).
Dieu est invisible pour les êtres humains. Mais le Christ, Fils de Dieu, est devenu visible et proche de nous. Et c’est à travers Lui, que nous avons maintenant accès à Dieu et au salut éternel.
«Gloire à Toi, ô Christ notre Dieu, notre espérance, gloire à Toi».