La chapelle orthodoxe à Banneux

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Higoumène Guy (Fontaine)

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pereguy.fontaine@gmail.com

 

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La chapelle

Higoumène Guy (Fonatine)

Le 30 septembre 2012, Mgr Gabriel, archevêque en charge des paroisses russes en Europe Occidentale a inauguré, en présence de l’évêque de Liège Mgr Jousten, la chapelle orthodoxe, dédiée à la Mère de Dieu de toute protection, aménagée à Banneux dans un bâtiment mis à disposition par le Sanctuaire.

C’est une première, d’aucuns parlent d’un événement historique, d’autres soulignent le geste œcuménique fort. Au-delà des commentaires et des appréciations, l’ouverture d’une chapelle orthodoxe sur le site du sanctuaire (catholique) de Banneux-Notre-Dame marque sans doute une évolution des mentalités et ouvre – on peut l’espérer – sur des rencontres qui pourraient conduire, dans un premier temps, à une meilleure connaissance mutuelle et peut-être ensuite à des échanges et des collaborations dans les limites de la situation actuelle des Églises. Mais, ne faut-il pas d’abord voir les limites, les assumer, en mesurer – dans la souffrance parfois – le scandale, pour chercher à pouvoir un jour non pas les dépasser, mais les abolir ?

Pour ce qui en est de cette chapelle, les choses, il faut le dire, ont déjà commencé curieusement. En tout cas, à l’inverse de ce qui se passe pour la fondation d’un lieu de culte : d’habitude, il y a un groupe de fidèles qui se cherchent un endroit où célébrer puis qui demandent un prêtre. Ici, c’est un prêtre qui a l’idée d’un lieu, qui se propose d’y célébrer … sans savoir qui seront les fidèles.

De l’idée au projet

Tout, en effet, a commencé par une idée. Une de ces idées que l’on a tendance à balayer d’un haussement d’épaule. Une de ces choses qui vous passent par la tête et qui trouvent une résonnance quelque part en vous. Et qui ne vous quittent plus.

Cette première étape, le père Guy doit bien la raconter à la première personne : « Je peux retrouver la date précise : le 15 septembre 2007, ce jour-là, comme je le faisais depuis plusieurs années le troisième samedi du mois, j’étais allé célébrer une liturgie  en slavon à l’église grecque de Verviers. Plusieurs familles en avaient fait la demande, mais petit à petit, juste quelques rares fidèles assistaient encore à cet office. Comme d’habitude, je ramenais la choriste qui résidait à Banneux et comme d’habitue aussi, elle avait demandé à passer par la chapelle des apparitions. Je l’attendais au rond point. Et c’est là que l’idée m’est venue : « c’est ici que je devrais célébrer ! »

A priori, cela pouvait paraître aberrant, mais voilà, l’idée est restée. Au point d’en arriver à se demander si, plutôt qu’une idée saugrenue, il ne s’agissait pas … d’un appel.

L’archevêque Gabriel, puis l’évêque de Liège   accueillent avec enthousiasme ce qui, peu à peu devient, un projet.

Mais les choses allaient prendre un tout autre rythme en étant confrontées avec d’autres réalités. Une première visite du sanctuaire démontre l’évidence : il n’y a pas de chapelle disponible et, au terme de ce premier inventaire, les locaux aménageables ne paraissent pas satisfaisants. Nous étions en décembre 2007. L’année 2008 était consacrée entièrement à la célébration du 75e anniversaire des apparitions. C’eût été un moment symbolique pour initier le projet, mais – on le comprend – les diverses manifestations, cérémonies, commémorations occupaient tout le temps des responsables du sanctuaire.

En novembre de cette même année, une réunion est organisée avec l’évêque de Liège et le nouveau recteur du sanctuaire. Des pistes sont avancées, mais c’est le 6 mai 2009 qu’une nouvelle visite des lieux avec l’abbé Léo PALM se conclut par le choix du local : ce sera le « Pavillon des Nations » où, le 13 juin une première liturgie est célébrée dans des conditions toute particulières (le local n’étant évidemment pas aménagé) mais dans une atmosphère de prière et de recueillement qui préfigure ce que sera la chapelle de la Protection de la Mère de Dieu.

La convention entre l’archevêché et le sanctuaire est signée le 15 mars 2010. Les travaux d’aménagement pourront commencer. Tous ceux qui y participeront seront des bénévoles. Dans l’atelier d’iconographie, on entreprend avec enthousiasme l’écriture des grandes icônes qui vont décorer les fenêtres, celles de l’iconostase, des grandes fêtes … Deux ans de travail mais quel résultat ! Non seulement pour ce qui est de l’aménagement ou de l’apport artistique mais surtout de l’expérience humaine et spirituelle qui a été vécue. Quant à l’argent, il est venu quand on en avait besoin et juste pour ce qu’il nous fallait.

La dédicace : Chapelle de la Mère de Dieu de toute Protection

La fête de la Protection de la Mère de Dieu n’apparaît que dans le calendrier liturgique orthodoxe, et même dans ce qu’il est convenu d’appeler l’usage slave, mais son intitulé, au-delà de l’événement qu’elle commémore, parle à tous. Elle rappelle une vision de saint André, le fol en Christ, alors qu’on célébrait une vigile dans une église de Constantinople. À la quatrième heure de la nuit, le saint en prière éleva les yeux vers le ciel et vit la Mère de Dieu se tenir au dessus de l’assemblée et recouvrir ses fidèles de son voile. La Mère de Dieu voulait signifier par là qu’elle protégeait la ville impériale et, par analogie, toute la sainte Église dont elle est le Signe.

Bien sûr, l’orthodoxie – même si elle ne connaît pas un culte marial semblable à celui qui se vit dans l’Eglise catholique – porte à la Vierge une dévotion toute particulière. On la proclame « plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins », la mettant ainsi bien au-dessus de toutes les puissances célestes.

Sur les icônes, elle est pratiquement toujours représentée avec son Fils : elle est Théotokos, la Mère de Dieu.

Les fêtes qui lui sont consacrées tout au long de l’année commémorent à la fois des événements de sa vie mais sont autant de repères pour la vie spirituelle : sa naissance, sa présentation au temple, l’annonciation, sa dormition mais aussi la Sainte Rencontre ou Noël sont aussi comme des étapes dans l’histoire de notre salut.

Et c’est cette protectrice, cette mère aimante que l’église orthodoxe célèbre le 1er octobre (14 octobre dans le calendrier julien) et c’est sans doute cet amour maternel qui donne à la fête son empreinte de tendresse. Lorsque sur la croix, apercevant « sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme voici ton fils ». Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère » (Jn 19, 26-27). Jésus ne confie pas seulement Marie à Jean et Jean à Marie, à travers le disciple, c’est l’homme qu’il confie à celle qui a permis l’Incarnation, le salut s’inscrit directement dans l’histoire humaine. Ainsi, Marie, Mère de Dieu, devient la mère de tous les hommes, elle les couvre de son amour, de sa tendresse.

Le souhait, dès la conception même du projet, est que cette chapelle s’inscrive dans la vie du sanctuaire. Le rectorat du sanctuaire proposera dès la saison prochaine des pèlerinages la possibilité de prière orthodoxe dans notre chapelle ; des responsables de groupes ont déjà annoncé leur intention de visite ; des publications devraient permettre de découvrir, mieux connaître et surtout méditer sur ce que ce bâtiment peut nous dire.

Et si Banneux devenait aussi un lieu de pèlerinage orthodoxe ?

Une chapelle orthodoxe ne peut se concevoir sans icônes ou sans iconostase. C’est l’atelier iconographique Saint Séraphin de Sarov qui réalisera les icônes nécessaires. L’atelier a été fondé en 1989 par Annette Gottschalk. Son but a toujours été de promouvoir la connaissance et la technique de l’icône byzantine.

L’iconographie

La finalité des cours dispensés à l’atelier est l’enrichissement spirituel, culturel et artistique des participants. La visite d’églises orthodoxes, les conférences dispensées par des prêtres ou des iconographes reconnus, la visite d’expositions et de musées de l’icône complètent la formation à la technique de l’écriture iconographique.

Ce ne sera pas la première réalisation de l’atelier qui a déjà fourni l’iconostase de l’église St. Pierre et Paul dans la ville  de Lodeinoye Pole (en Russie du Nord) et l’iconostase de l’ église St. Jean Chrysostome, à Bruxelles, rue de L’Orient dans une lieu de culte mis à la disposition des communautés syriaques, maronites et chaldéennes.

Le geste œcuménique

L’ouverture de cette chapelle est, sans conteste un geste œcuménique fort. Il n’est pas sans risque. Mais ce n’est pas quand chacun se retrouve le dimanche dans son église ou dans son temple que la question se pose. C’est quand on se retrouve ensemble, quand on peut prier ensemble, vivre des choses ensemble et que l’on se heurte à un écueil de la division des Églises que les choses font mal. Oui, la division est un scandale, mais ce n’est pas en la niant que l’on pourra arranger les choses. Il faut parfois vivre des expériences douloureuses pour prendre conscience de la nécessité de s’engager vraiment dans  le chemin de l’unité.

Pour certains, l’œcuménisme tient du fantasme de l’unité déjà réalisée : il suffit de se retrouver dans un esprit fraternel pour que toutes les divisions soient dépassées. Il n’en est malheureusement pas ainsi.

Tout aussi nombreux sont ceux qui éprouvent une sorte d’amertume en apprenant qu’il n’est pas possible de pratiquer « l’intercommunion » ou « l’hospitalité eucharistique », lors d’une liturgie orthodoxe.

Selon la Tradition et la pratique, c’est justement par la communion, que l’on devient membre de l’Église orthodoxe à part entière, que l’on y adhère sans réserve, en renonçant à tout ce qui n’est pas orthodoxe, conformément aux sept conciles œcuméniques et à l’enseignement des pères de l’Église.

Le Pape Jean-Paul II lui-même, s’est exprimé à de nombreuses reprises sur ce sujet. Il dit en particulier que « l’intercommunion entre chrétiens divisés n’est aucunement une réponse à l’appel du Christ à l’unité parfaite de la foi. Avec l’aide de Dieu nous continuerons à œuvrer avec humilité et résolution, afin que disparaissent les divisions réelles qui subsistent encore, et que de cette façon on puisse parvenir à rétablir l’unité complète de la foi, qui est la seule condition pour une parfaite communion dans l’eucharistie ».

Nous ne pouvons, du côté orthodoxe, que constater notre identité de vues sur ce sujet si important. La position orthodoxe a été maintes fois exprimée par toutes les Églises orthodoxes, dans de nombreuses publications, et par tous les responsables; la plupart des fidèles orthodoxes en sont informés, et le savent bien.

Les multiples déclarations du côté orthodoxe soulignent que la participation à l’eucharistie vient couronner l’accomplissement de la plénitude de l’Unité et qu’elle ne peut être considérée comme un moyen pour y parvenir, ni comme un signe de sympathie ou d’amitié. Il ne sera pas inutile non plus de rappeler que les orthodoxes sont tenus à une discipline eucharistique précise, notamment au jeûne eucharistique et au repentir régulier (sacrement de réconciliation, confession), ainsi qu’à la lecture des prières avant la communion, ne serait-ce que sous leur forme abrégée.

 

Autrement dit, l’intention de participer aux saints mystères ne saurait jaillir sous l’effet d’un élan mystique survenu pendant la liturgie, à la faveur d’une subite disposition de l’esprit, ou de l’impression émouvante que l’on peut éprouver par esprit d’amitié, de solidarité et de communion de prière, mais doit être mûrement réfléchie, préparée en temps utile, et confiée au prêtre avant la liturgie.

L’esprit œcuménique nous invite justement à respecter nos différences et à en prendre conscience dans la douleur même de la séparation et de la non-communion, afin d’en mesurer le scandale, mais aussi de comprendre l’urgence d’une véritable Unité de la foi, dans la diversité peut-être, mais sans relativisme ni concession aux doctrines à la mode de ce monde.