9. Atelier iconographique

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Atelier iconographique de saint Séraphin de Sarov :

Contacts:

Responsables:

Anette GOTTSCHALK

04 379 32 41

 

Dimitriy Malcev :

0495 67 36 68

dima.azar@yahoo.fr

 

Adresse:

80, rue de Laveu,

4000, Liège

 

Les jours d’ouverture :

Toute l’année sauf la période des vacances:

 

Le mardi: 10.00-16.00

Le jeudi: 10.00-16.00

Le samedi: 10.00-16.00

 

Cela fait dix ans déjà que l’atelier iconographique Saint Séraphin de Sarov fondé par Annette Gottschalk dispense son enseignement sur l’art de l’icône dans notre salle paroissiale. Interview effectuée par le père Guy (Fontaine).

Comment avez-vous découvert l’icône ?

Dans les années 50, mes parents s’étaient intéressés à l’œuvre du Père Pire, à Huy.  Il avait créé un refuge pour les personnes déplacées de l’Europe de l’Est, après la deuxième guerre. Il y avait là un vieux couple, monsieur et madame Ivanov, qui y avaient échoué, après avoir tout perdu, en fuyant les persécutions communistes. Lui était un ancien officier de l’armée tsariste, ils n’avaient pas d’enfant et étaient seuls au monde, n’ayant rien pu sauver de leur vie passée, sauf quelques petites icônes. Ma maman était devenue leur « marraine  « , elle leur envoyait de l’argent et venait les visiter. Après la mort de madame Ivanov,  elle avait invité le vieux monsieur à venir passer quelques jours chez nous à Hasselt, pour le consoler. Il avait offert à maman une des seules icônes qui lui restaient : une icône de la Vierge du Signe. A cette époque, j’avais 9 ans, j’ai essayé de la dessiner car je la trouvais très belle.

Comment vous est venue l’idée de créer un atelier?

J’avais suivi plusieurs stages de peinture d’icônes à l’institut St Georges à Meudon. J’avais envie de partager avec d’autres mon amour pour l’icône.  A cette époque (1989)  elle commençait à être à la mode en Occident. Je voulais enseigner la technique dans un milieu religieux, catholique donc, car je n’en connaissais pas d’autre.  J’ai proposé mon idée à monsieur l’abbé Wers, au Séminaire de Liège, et il a bien voulu mettre un local à ma disposition.

Vous avez suivi une formation, laquelle? Avec qui ?

Après 4 stages à Meudon avec le père Egon Sendler,  spécialiste reconnu de l’icône,  j’ai poursuivi ma formation avec le père Chrysostome à l’abbaye de Tongerlo, puis j’ai été suivre quelques cours de spécialisation chez d’autres iconographes.

Revenons à l’atelier, quand avez-vous donné vos premiers cours ?

J’ai commencé mes premiers cours en 1989  par une série de huit cours théoriques  puis, en 1990  j’ai ouvert l’atelier sous le patronyme de St Séraphin de Sarov. J’oublie de dire qu’en 1988, j’avais été en Russie : Moscou, St Petersburg, Vladimer et  Sousdal. Par la suite, j’y suis encore retournée 4 fois.

C’était dans un local du Séminaire catholique de Liège. Pourquoi ce choix ?

Très attirée par la spiritualité orthodoxe qui avait enrichi ma Foi, je ne connaissais pas encore l’église du Laveu, ni ses paroissiens. C’est Maya Dourassoff qui  fort intéressée par les cours que je donnais, a pris contact avec moi et très vite, nous sommes devenues amies et elle m’a fait connaitre la paroisse orthodoxe russe. Quant à moi, j’ai continué mes cours au Séminaire qui avaient beaucoup de succès, et je me sentais investie d’une sorte de mission : je voulais faire découvrir aux catholiques la richesse de la Tradition Orthodoxe.

En 2008, vous avez déménagé vers la salle paroissiale de  notre église. Cela a-t-il changé quelque chose pour l’atelier de se trouver dans un environnement orthodoxe?

Suite à plusieurs problèmes internes au Séminaire et à l’atelier, j’ai donc déménagé au Laveu. Le principal de ces problèmes était une certaine tournure d’esprit chez les catholiques : habitués à une certaine « créativité » dans l’art religieux occidental, ils ne comprenaient pas qu’une icône devait s’inscrire dans une tradition théologique rigoureuse, qu’il y avait des couleurs et des attitudes à respecter, qu’il y avait des règles  à respecter scrupuleusement car l’icône était une théologie illustrée. Cela a créé des tensions avec certains élèves qui trouvaient que je bridais leur créativité …

Lorsque l’évêché m’a proposé un changement de locaux, car il voulait agrandir ceux impartis à la R.C.F. j’ai pensé qu’il valait mieux  délocaliser mon atelier dans un environnement orthodoxe. Le Père Guy Fontaine m’a accueillie avec beaucoup de compréhension. Et les paroissiens ont été particulièrement amicaux.

En  tout cas, il y a eu l’aventure de Banneux, l’atelier a écrit toutes les icônes pour la chapelle. Une expérience particulière ?

Lorsque le père Guy m’a fait part de son grand projet de créer une chapelle orthodoxe à Banneux, j’ai été très vite enthousiaste et je m’y suis très vite attelée avec une dizaine de mes élèves.  A ce moment, un élève russe (de Vladivostok) Dimitri Malcev qui était déjà mon élève au séminaire et qui était le plus doué de tous, a alors pris le relais et a donné les cours techniques à ma place. Très vite, il est devenu un excellent  professeur. Cette expérience de Banneux  a très fort soudé  les élèves et les paroissiens comme Bruno, Igor, et …mon mari, qui nous ont aidés par leur bricolage professionnel et en ont fait une vraie chapelle.

Ce n’était pas la première fois que vous réalisiez des icônes pour d’autres paroisses, même en Russie.

Nous avons réalisé toute l’iconostase d’une église melkite à Bruxelles, rue de l’Orient.

En 1991, Maya avait entrepris de réaliser un jumelage humanitaire, entre une paroisse catholique (St Barthélemy) une paroisse protestante de la ville de Deventer et une paroisse orthodoxe (à Lodeinoye Pole) en Carélie. Il s’est vite avéré que les paroissiens russes voulaient une nouvelle église, la leur ayant été détruite pendant la guerre.

J’ai proposé que nous leur offrions l’iconostase et ils ont été très heureux. Avec l’aide des jeunes de Deventer, pendant un camp de vacances, ainsi que des paroissiens bénévoles, ils ont commencé laconstruction qui a duré trois années. Pendant ce temps, nous leur avons envoyé par container, les icônes demandées, une quarantaine au total. A l’époque, nous ne correspondions que par FAX car personne n’avait encore Internet. Le Père Michel, nous envoyait les dimensions, les sujets nécessaires, des choix de croquis que nous échangions et que nous discutions en Russe et en Français.

Aujourd’hui vous avez un professeur orthodoxe russe que vous avez formé.

Dimitri Malcev est arrivé dans l’atelier, au Séminaire. J’ai vite constaté son talent mais surtout son authentique sensibilité « orthodoxe russe » que bien entendu, je ne possédais pas. Nous nous sommes tout de suite entendus et avons partagé nos points de vue. Je ne pouvais espérer meilleur successeur.

Combien d’élèves avez-vous ? A quel rythme se donnent les cours?

Nous avons depuis toujours entre vingt-cinq et trente élèves, répartis entre six demi-journées de trois heures chacune. En plus nous avons ouvert un deuxième atelier dans la paroisse catholique de Villers aux Tours.

Faut-il être bon  dessinateur pour se lancer dans l’écriture des icônes ?

Il faut quand même un don au départ, mais dessiner, cela s’apprend! Selon la tradition, nous employons des calques ou des poncifs pour les sujets les plus courants, mais nous les redessinons toujours à main levée. Il  faut aussi étudier un peu l’anatomie pour la pose des ombres et des lumières, ainsi que la perspective qui, dans les icônes est une perspective inversée. Très important aussi : le sens symbolique des couleurs, pour le Christ, la Vierge et les Saints.

Finalement, le travail  de l’iconographe, quel  que soit son engagement religieux, n’est-il pas une forme d’expérience de prière ?

Dans l’expérience  d’écrire une icône, on retrouve tout ce que le Christ nous conseille, lorsqu’il nous enseigne à prier : concentration, humilité, écoute, l’expérience spirituelle de faire descendre l’esprit, et je dirais le geste dans le cœur. Il faut écrire une icône comme le ferait un enfant qui prend une leçon d’écriture, avec confiance, mais aussi avec audace et application.  C’est  l’image du prototype de l’icône  qui guidera notre sensibilité propre lorsque nous aurons vaincu les difficultés techniques.

D’autre part, l’icône nous immerge dans la prière universelle de l’Église, nous ne peignons pas une icône pour notre propre renommée, mais pour être au service de l’Église.

Après trente ans de métier, j’expérimente dans l’écriture des icônes, ce que St Nicolas de Flue disait de la prière: « parfois on y va comme à la danse, parfois comme au combat ».

On ne finit jamais d’apprendre à écrire une icône, comme on ne finit jamais d’apprendre à prier!