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4e dimanche de carême, Mc 17-31

D’abord, il y a cette phrase de Jésus : « Engeance incrédule, jusques à quand serai-je parmi vous ? Jusques à quand devrai-je vous supporter ? » Une phrase terrible ! Jésus en arriverait-il à rejeter ce peuple qui l’entoure ? Ces gens qui le suivent ? Les gens, sûrement non. Leur attitude, certainement oui. C’est un peu comme quand un père dit à son enfant : « Quand comprendras-tu ? » C’est un appel. Un appel à une nouvelle manière d’être, un appel à une nouvelle génération pourrait-on dire, celle des croyants car la base de leur attitude c’est la foi.

 

C’est cela sans doute le principal message de cet extrait de l’Evangile de Marc que nous venons d’entendre : le pouvoir de la foi. Tout est possible à celui qui croit. C’est la foi qui guérit, c’est la foi qui soulage, c’est la foi qui déplace les montagnes. Les miracles ne sont là que pour montrer cette puissance de Dieu, cette force de l’Esprit, cet esprit qui nous est donné par la foi.

 

Mais la foi est bien autre chose qu’une adhésion à des idées et n’a rien à voir avec une croyance.

 

Trop souvent, lorsque nous disons « je crois » nous ne faisons qu’exprimer « je pense que ». Un peu comme quand on dit : « je crois qu’il va pleuvoir » ce qui revient à dire « je pense bien qu’il va pleuvoir ».

 

Oui, nous croyons que la prière peut aider, enfin, nous pensons que cela peut servir. Nous pouvons croire que l’onction de l’huile peut apporter une guérison, qu’un office d’intercession peut aider dans un moment difficile. Oui, nous pouvons le croire et le vivre comme un véritable acte de foi, mais nous pouvons aussi tout simplement penser que tout ça est utile et que, comme on dit, si ça ne fait pas du bien, ça ne peut pas faire de mal.

 

Parfois, nous faisons des gestes, nous lisons des textes sans pour autant, réellement, attirer sur nous la force de l’Esprit. Mais il est vrai que l’Esprit souffle où il veut et comme il veut et que personne ne peut dire à l’autre que ce qu’il fait n’est pas juste ou est mal fait.

 

Mais il nous faut avoir conscience de nos limites, de notre extrême pauvreté spirituelle. « Si vous aviez de la foi gros comme un grain de moutarde, dit Jésus, vous diriez à cette montagne va, et elle irait » mais nous serions bien en peine, nous, de déplacer une feuille morte de la force de notre foi.

 

Nous aussi, nous risquons bien de nous entendre traiter d’ « engeance incrédule ». Nous sommes disciples du bout des lèvres, nous sommes chrétiens du bout du cœur. Et notre attitude véritable, la seule qui soit juste, est celle du père de l’enfant possédé d’un esprit muet : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon manque de foi ».

 

Mais pourtant, Jésus ne nous abandonne pas, il ne nous rejette pas. Il n’attend pas que le père de l’enfant pose un acte de foi, que le père démontre qu’il est bon, qu’il est droit, ou qu’il est digne. Si nous devions attendre d’être dignes pour pouvoir ne fut-ce que nous adresser à Jésus, cela ne nous arriverait jamais. Non, Jésus n’attend pas du père de l’enfant, comme il n’attend pas de nous, que nous lui montrions un certificat de bonne conduite spirituelle : Jésus est amour et l’amour vrai est un amour sans condition. Et la principale qualité du père de l’enfant a sans doute aussi été celle-là : il a été vrai, il n’a pas essayé de tricher avec Jésus.

 

Et puis, il y a Jésus et ses disciples. Comme eux, nous avons suivi l’enseignement, écouté la parole, l’évangile de Jésus-Christ ; comme eux, nous avons été témoins des miracles de Jésus. En célébrant, dimanche dernier, la vénération de la Sainte Croix, nous avons mis Jésus lui-même au centre de notre carême. Comme il doit être au centre de notre Vie.

Il ne s’agit plus maintenant de nous demander ce que nous devons faire, comment nous devons vivre notre carême, avec quelles valeurs, dans quel esprit, mais il s’agit de se fixer sur Jésus, de l’écouter avant de pouvoir le suivre.

 

Et en ce temps de carême, il va nous enseigner encore. En parlant du démon qui possédait l’enfant il dit que cette espèce ne peut être expulsée que « par la prière et par le jeûne ». La prière et le jeûne comme armes contre le mal. La prière et le jeûne – qui sont les deux éléments essentiels de notre carême – comme moyen de nous libérer de nos démons de l’existence : l’orgueil, la vanité, l’envie, la colère, le découragement … Jésus nous encourage à persévérer dans notre effort.

 

Enfin, comme il le fit avec ses disciples, Jésus nous prend avec lui, à part, pour nous instruire. Et ce qu’il nous révèle, nous, nous le connaissons déjà, mais en avons-nous toujours bien conscience ? Ce qu’il nous révèle, c’est ce qui va arriver, ce que nous allons revivre au cours des semaines à venir : Jésus sera livré, trahi, crucifié mais il ressuscitera.

 

 

Il nous reste donc à mettre nos pas dans les pas de Jésus, à le suivre et à prier. Lui redire sans cesse : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon manque de foi », lui demander notre guérison (guérison spirituelle), nous rendre la parole, ouvrir nos oreilles à ses enseignements, nous aider à tenir ces jours encore de prière et de jeûne et puis espérer que Jésus nous prenne par la main, qu’il nous fasse nous lever, et que nous puissions nous tenir debout, debout comme des hommes vivants, debout comme des chrétiens touchés par la vie donnée en ce matin de Pâques qui s’annonce, debout comme des hommes et des femmes ressuscités.

Higoumène Guy (Fontaine)

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