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Crusifixion du Christ. Grand Vendredi

(composé à la base du Synaxaire)

Vendredi Saint

Au cours du Vendredi Saint, nous avons le rappel des Tourments grands, saints et menant au salut, subis par notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ : les crachats, les coups sur la tête, les gifles, les insultes, les moqueries, la tunique, le roseau, l’éponge, le vinaigre, les clous, la lance et par-dessus tout, la Croix et la mort, soufferts pour nous par Lui et de par Sa propre volonté. Nous nous souvenons aussi de la confession salvatrice du bon larron, crucifié à Ses côtés.

Dès que, trahi par son ami et disciple pour trente deniers, notre Seigneur fut remis  aux Juifs, on Le mena d’abord chez le grand-prêtre Anne, qui à cet instant, se reposait. Celui-ci le renvoie chez le chef des grands-prêtres Caïphe où, souillé de crachats, giflé, moqué et raillé, il entendit : « Dis-moi, Christ, qui T’a frappé ? » (Mat. 26,68). Étaient aussi présents de faux-témoins affirmant qu’Il aurait dit « Détruisez ce temple et Je le reconstruirai en trois jours » (Jn. 2, 19). A la question posée au Christ: « Qui est-Il au vrai, que peut-Il dire à Son propre sujet ? », Il se disait ouvertement Fils de Dieu, c’est alors que le grand-prêtre, ne supportant pas ce soi-disant blasphème, déchira ses habits en signe de terrible indignation. Au matin on conduit le Christ chez Pilate dans le prétoire (c’est-à-dire le centre administratif du gouverneur romain), « …sans y entrer en personne – comme dit l’évangéliste – afin de ne pas se souiller au contact de païens, avant de goûter à la pâque juive » (Jn. 18,28). La pâque citée par l’évangéliste, est la fête qui avait lieu à ce moment-là, semble-t-il. Le Christ Lui-même l’aurait célébrée le jour d’avant, projetant Son propre sacrifice en même temps que la pâque officielle traditionnelle, soit le vendredi.

Sortant du prétoire, Pilate demande de quoi le Christ est accusé ? Et ne voyant rien de grave dans les accusations, qui aurait pu, selon les lois romaines, mérité la mort, renvoie le  Christ chez le chef des grands-prêtres Caïphe, dirigeant religieux des Juifs, afin qu’il Le juge lui-même. Mais celui-ci, à son tour, renvoie le Christ à Pilate, parce qu’il ne cherchait qu’une seule chose : la mort du Christ. Pilate rétorque : « Prenez-Le, vous et jugez-Le selon votre Loi » (Jn.18.31, 19,6). Les Juifs disent à Pilate : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort » (Jn. 18,31), poussant ainsi Pilate à ordonner lui-même la crucifixion du Christ, car selon les lois de l’empire romain, les peuples occupés ne pouvaient mettre à mort leurs criminels, seules le pouvaient les autorités romaines. Et voilà que Pilate demande au Christ : « Es-Tu le Roi des Juifs ? » (Mat.27,11). Le Christ admet  qu’Il est Roi, mais non de ce monde, mais du Ciel (Jn. 18,36). Pilate, ne voyant en cela aucun acte politique ou de sédition et qu’il ne s’agit principalement que de discussions religieuses locales, voulut libérer le Christ et annonça d’abord aux Juifs qu’il ne voyait aucune vraie faute de la part du Christ. Et il leur rappelle aussi, qu’une fois par an, justement lors de la Pâque, selon l’habitude locale, on remet la peine de mort et on libère un des criminels, poussant ainsi les Juifs à pardonner au Christ. Mais les Juifs en colère choisirent de libérer, au lieu de notre Créateur et Sauveur, Barabbas, bandit et meurtrier  notoire.

Et Pilate, pour complaire aux Juifs, ordonne de soumettre le Christ à la flagellation et aux railleries. Alors le Seigneur, ceint  d’une tunique royale pourpre, avec sur la tête une couronne d’épines et tenant de sa main droite un roseau, en place d’un sceptre royal, est amené comme un pitre sur une estrade en compagnie d’une garde militaire. Et voilà que les soldats de la garnison romaine présentent aux Juifs une pièce comique. Ils se mettent publiquement à se moquer du Christ et bouffonner devant Lui. Certains criaient : « Réjouis-Toi, Roi des Juifs ! » (Jn.19,3), d’autres faisaient semblant de tomber à genoux et s’inclinaient devant Lui. Puis se remettant debout, crachaient sur Son visage et Le giflaient à toute volée. Puis ils Lui ôtèrent le roseau, et debout derrière Son dos, Le frappèrent à la tête en disant : « Eh toi  prophète ! Devine maintenant qui t’a frappé ? ». Puis ils le fouettaient et le frappaient de diverses manières.  L’ayant ainsi outragé, Pilate demande à nouveau aux Juifs : « Eh bien ! Êtes-vous contents de Son humiliation ? Maintenant laissons le partir ; je n’ai trouvé en Lui aucun motif de condamnation à mort » (Lc. 23,22). Mais ils répondent : « Non, nous le condamnons pour  S’être dit Fils de Dieu ». Pendant tout ce temps, Jésus, battu et ensanglanté, se tenait debout en silence. Le peuple se mit à scander comme dans l’arène du Colisée : « Crucifie-Le ! Crucifie-Le » (Lc. 23,21). Ils sollicitaient spécialement pour le Christ la mise à mort non ordinaire, mais ignominieuse et atroce, destinée aux criminels les plus invétérés. Ainsi était la crucifixion. C’était une mort lente au prix d’une agonie douloureuse sous un ardent soleil du Sud, soumis à la faim et la soif, souvent  dévoré vif par des bêtes sauvages ou blessé par les coups de bec de rapaces. Ils voulaient justement cette mort sur la croix pour Le déshonorer, Le reconnaître pour bandit et détruire tout bon souvenir de Lui pour  toutes les générations futures.

Pilate cependant, comme s’il voulait  ramener les Juifs à la raison, leur demande encore une fois : « Pourrais-je crucifier votre Roi ? » (Jn. 19,15). Ils lui répondent qu’ils n’ont d’autre roi que César, c’est-à-dire l’empereur romain. Et pour autant  l’accusation de blasphème par le Christ avait peu ému Pilate, cette affirmation au contraire, lui fit peur car il se dit : « Peut-être bien que  ce prédicateur dont on raconte tant de choses, serait un fils de dieux ? », la foule des Juifs avance une nouvelle accusation du Christ, bien plus sérieuse pour Pilate : l’accusation d’une trahison politique et d’une révolte contre César. Ils se mirent à crier à Pilate : « Quiconque se fait roi, s’oppose à César ! » (Jn. 19,12).

A ce moment, la femme de Pilate, nommée Claudia Procul, effrayée par un terrible cauchemar, lui envoya un serviteur pour le prévenir : « Ne fais pas de mal à Ce Juste, car aujourd’hui j’ai été très affectée dans un songe à cause de Lui. Cet homme est innocent » (Mt. 27,19). Mais le peuple se mit à crier : « Si tu Le libères, tu n’es pas l’ami de César ! » (Jn. 19,12).  Pilate se voyant pris entre deux feux, d’une part une rébellion, même si pas réelle, contre César, et de l’autre un Juste innocent, rejette sa faute pour le sang versé du Christ de la façon suivante. Il se lave les mains devant le peuple et dit : « Regardez tous ! Je ne suis pas responsable du sang  de ce juste ». Le peuple répondit : « Que Son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt. 27,25). Et ainsi Pilate, sachant parfaitement que le Christ était innocent, L’envoie vers le supplice de la croix, et remet Barabbas en liberté.

Voyant tout cela, Judas fut pris de désespoir, jeta à terre les deniers payés pour le Christ, sortit et dehors, se tua par pendaison sur un arbre et puis explosa, comme son corps avait démesurément enflé.

Les soldats chargent une croix sur le dos du Christ roué de coups, mais voyant qu’Il n’a pas de forces pour la porter, obligent un certain Syméon de Cyrène, à prendre sa place. Arrivés à la troisième heure (soit neuf heures du matin) au Golgotha, les soldats  crucifient le Christ, suspendant sur deux autres croix, de chaque côté de la Sienne, deux autres bandits afin de L’assimiler aux criminels. Les vêtements du Christ furent partagés entre les soldats, et Sa tunique sans couture fut jouée aux dés. Passant près de la croix, les Juifs se moquaient et criaient au Christ : « Hé toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-Toi Toi-même (Mc.15, 29-30). Et le raillant, ajoutaient : « Il en a sauvé d’autres et Il ne peut se sauver Lui-même » (Mc.15,31), et aussi : « S’Il est Roi d’Israël, où est son armée ? Qu’Il descende de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions en Lui ! » (Mc.15,32).

Mais s’ils avaient sincèrement cru en Lui, ils auraient sans hésiter admis qu’Il était en toute vérité non seulement le Roi d’Israël, mais celui du monde entier. Et vraiment, l’éclipse du soleil pendant trois heures, au milieu du jour, au moment de la crucifixion, ne servait-elle pas de signe que tous devaient être au courant des événements de la journée ? Et le tremblement de terre avec éboulements, n’est-il  pas une accusation manifeste de la dureté et de l’insensibilité des Juifs ? Et la sortie de leurs tombes de plusieurs cadavres n’était-elle pas le prototype de la résurrection universelle et la preuve de la force du Christ-Martyr ? Et le déchirement de la tenture du temple ne témoigne-t-il pas de l’indignation du temple devant la souffrance du Glorieux, Qui ouvre à tous les mystères invisibles de Dieu ?

Comme le dit le saint évangéliste Marc, le Christ fut crucifié à la troisième heure (soit 9 heures du matin). Et de la sixième heure (soit midi) à la neuvième heure (trois heures de l’après-midi) partout ce furent les pleines ténèbres. Debout auprès de la croix, le soldat légionnaire Longin, voyant tout ce qui se passait, en particulier la disparition du soleil, s’exclama avec force : « Vraiment Celui-ci était Fils de Dieu » (Mt. 27, 54). Des deux bandits crucifiés à côté de Lui, l’un tournait le Christ en dérision, l’autre blâmant son confrère, le faisait taire et confessait le Christ Fils de Dieu. Le Sauveur le félicita d’une si belle foi et lui  promit de l’asseoir auprès de Lui au paradis.

Entre-temps Pilate avait donné l’ordre d’accrocher au-dessus de la tête du Christ ; une pancarte qui proclamait : « Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs ». Et comme les Juifs le priaient de ne pas écrire cela, mais que Jésus Lui-même l’avait dit de Lui-même, Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit » (Jn. 19,22). Ainsi Pilate non seulement se vengea des Juifs, mais sans le vouloir confirma que le Christ était vraiment Roi d’Israël.

Plus tard, lorsque le Sauveur dit : « J’ai soif ! », les soldats, ayant imbibé une éponge de vinaigre et placé celle-ci au sommet d’une hysope (plante à longue tige) lui donnèrent à boire. Le vinaigre était particulier, il affaiblissait la douleur des souffrants. Ayant goûté de ce vinaigre, le Christ dit : « C’est achevé ! » et inclinant la tête, rendit l’âme (Jn. 19,30).

Lorsque tous s’éloignèrent, il ne resta près de la croix que la Mère du Christ et sa sœur Marie Cléophas, ainsi que Jean, le disciple bien-aimé du Christ. Les Juifs insensés, ne se contentant pas de la vue des corps sur la croix, demandèrent à Pilate, du fait que c’était le grand jour de la Pâque et un vendredi, soit le jour précédant le samedi, de briser les genoux des condamnés, pour accélérer leur mort. Car ceux qui étaient crucifiés, s’étaient appuyés sur la barre spécialement clouée en soutien des pieds. Quand on brisait leurs pieds, ils ne pouvaient plus s’y appuyer et sous leur propre poids étaient suspendus par les mains clouées. Leur cage thoracique se courbait et ils mouraient plus vite d’asphyxie. Les soldats brisèrent les genoux des deux bandits se trouvant de part et d’autre du Christ, puisqu’ils étaient encore vivants. Arrivés près du Christ, ils virent qu’Il était déjà mort et trouvèrent inutile de Lui casser les os. Ainsi le Christ devint effectivement l’Agneau pascal, auquel selon la loi traditionnelle, on ne pouvait pas casser les os. Et voilà qu’un des soldats, pour complaire aux Juifs et s’assurer de la réalité de la mort du Christ, perfore de sa lance le flanc droit du Christ. Et s’en écoule de suite du sang et de l’eau. Du sang puisqu’Il était homme, et de l’eau puisqu’Il était Dieu, créateur de l’eau et de l’univers. On peut y trouver un autre sens : le sang s’est écoulé en signe de notre communion avec le sang Divin, et l’eau en signe de notre baptême. En vérité cette fontaine à deux sources représente les deux sacrements les plus importants institués pour nous. De cela a témoigné Jean, spectateur, et son témoignage est véridique puisqu’il écrit, ayant été présent au pied de la croix et ayant tout vu de ses propres yeux. On dit que c’est justement lui qui recueillit dans une ampoule particulière le Saint Sang Divin du Sauveur écoulé de Son Corps vivifiant.

Et voilà que, à la fin de ces événements surnaturels, quand vint le soir, arrive Joseph d’Arimathie, disciple d’abord secret comme d’autres, puis reconnu, qui entrant avec audace chez Pilate qu’il connaissait, lui demande le corps de Jésus. Pilate l’autorise à L’enlever de la croix et L’enterrer. Joseph Le descend de la croix et L’étend sur le sol avec beaucoup de vénération. Une fois venue la nuit vint Nicodème apportant de la myrrhe et de l’aloès – mélange spécial pour enterrements, rapidement préparé pour ce moment. Ayant oint le corps du Christ et recouvert son corps d’un tissu d’un seul tenant, un linceul mortuaire, comme c’était l’habitude chez les Juifs, ils déposent le Christ dans un rocher à l’intérieur creusé, se trouvant tout près, le tombeau préparé pour Joseph. Au sujet de la myrrhe et de l’aloès, matières collantes – l’évangéliste en parle pour que, à la vue du linceul et de l’amende mortuaire, restés sur place après la résurrection du Christ, personne ne dise que le Christ avait été volé. Car il était impossible de séparer le corps du tissu mortuaire tant ils étaient collés l’un à l’autre.

Voilà tout ce qui se passa de merveilleux le vendredi et que les saints pères nous ont recommandé de rappeler avec tristesse et humilité.

Par Ta miséricorde surnaturelle et incommensurable, Christ, notre Dieu, fais-nous grâce. Amen.

 

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