Homélie pour le troisième dimanche du Carême
L’homélie du père Alexandre.
Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Nous sommes aujourd’hui au troisième dimanche du carême, exacte moitié de celui-ci, où l’Église vénère la Croix du Seigneur. Cette vénération, ce dimanche-là, a deux origines : la première – le carême en soi s’accomplit avant tout non pour nous purifier des péchés et de mauvaises habitudes. Et probablement cette affirmation nous peut paraitre fort étrange. Mais il existe une autre raison du carême et cette raison est primordiale : Reprenons le Nouveau Testament. Lorsque qu’on accusa le Christ du fait que ses disciples ne jeûnaient pas alors que ceux des pharisiens jeûnaient, Il répondit à peu près ceci : « Ils ne jeûnent pas, puisque le Fiancé – c’est-à-dire Moi – est avec eux. Pour eux, Je suis Celui, dont la présence est une grande fête ». Et nous savons qu’on ne fait pas carême le jour de fête. Le jour de la fête on mange et on se réjouit. Rappelez-vous, le Christ a souvent comparé le Royaume des Cieux à un festin. « Mais les jours viendront – continua le Christ – où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront».
Le Crucifix est le rappel de la mort du Christ. Et donc celui du carême. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons supprimé le carême pendant les grandes fêtes religieuses, alors que les premiers chrétiens, au contraire, jeûnaient justement à ces grandes fêtes. Pourquoi ? Parce que la fête leur rappelait Celui qui les avait quittés, Celui qu’on leur avait enlevé. Et, par exemple, Pâques n’était pas fêtée le dimanche, mais le vendredi. On rappelait, dans le même temps et dans le même jour la Crucifixion du Christ ainsi que Sa Résurrection et on gardait le carême.
La seconde raison de la vénération de la croix en milieu de carême, c’est que, comme dit saint Jean de Cronstadt – la force de la croix nous renforce dans la voie de notre jeûne. En temps de carême, les chrétiens orthodoxes ont remarqué depuis toujours, que le diable se met à partir en campagne contre nous : et les tentations, les disputes, les dissensions et d’autres situations négatives prennent de l’ampleur. C’est parce que le diable fait tout son possible pour nous écarter du salut, profitant de notre faim, qui nous pousse à être plus irascibles et parfois même violent.
Mais, comme disent les Saintes Écritures : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé», et aussi : « Sauvez vos âmes par votre persévérance ». Il faut persévérer. Comme dit le peuple : « Le Christ a subi jusqu’au bout et nous a ordonné de faire de même ».
Et encore une célèbre déclaration, de feu le métropolite de Kiev Vladimir (Sobodan). Quand on lui demandait ce qu’il était défendu de manger durant le carême ? Il aimait répondre : « Il est défendu en premier lieu, de manger son prochain ».
Amin.
Le 31 mars 2019