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Sermon du 11ème dimanche

Sermon du 11 dimanche d’higoumène Guy (Fontaine).

11Pentecôte-2020 PDF

11e dimanche après la Pentecôte 2020

Mt 18, 23-35

Je ne sais pas combien vaudraient, en Euros d’aujourd’hui, les dix milles talents que le serviteur doit à son maître. En tout cas, une somme énorme. Une dette que, sans doute, le serviteur ne pourrait jamais régler. Mais le maître se laisse prendre en pitié. Il acquitte son serviteur. C’est sans doute le premier enseignement de cette parabole que raconte Jésus : la bonté, l’immense bonté de Dieu. Jésus parle en effet du Royaume de Dieu et donc, le roi qui règle ses comptes, c’est Dieu lui-même et le serviteur, c’est l’homme.

 

Et quelle est la dette de l’homme envers Dieu ? La vie. Sa vie, mais aussi la vie en Dieu, la promesse de la vie éternelle et cette dette là, l’homme ne pourra jamais s’en acquitter. Même si, comme menace le maître, on le vend lui, et sa famille, et tous ses biens. Que valent donc les biens de ce monde en comparaison des dons divins ? Que vaut donc la vie d’un homme ?

 

A cela Dieu répondrait : la vie d’un homme n’a pas de prix. Et la bonté, la mansuétude de Dieu, elle traverse toute l’histoire humaine. Elle s’exprime dans cette réflexion de Jonas qui dit à Yavhe : « tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal ». Comme le maître revient sur la condamnation de son serviteur en lui laissant, en quelque sorte, la vie.

 

 

N’est-ce pas pour donner à l’homme la vie, la vraie vie, qu’il a envoyé son Fils ? Mais il reste à l’homme a accueillir cette grâce et à rendre à ses semblables la pareille de ce qui lui a été donné.

 

C’est le second enseignement de la parabole. Une parabole qui intervient dans le récit évangélique de Matthieu dans un chapitre que la bible appelle : « discours ecclésiastique ». Remettons-là dans le contexte.

 

Pierre vient de demander à Jésus : « Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? Et Jésus lui a répondu : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante-sept fois » avant d’ajouter : « à ce propos, il en va du royaume des cieux comme d’un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs » et de raconter cette parabole que l’on dit « du débiteur impitoyable ».

 

Or, le débiteur impitoyable, ce n’est pas Dieu, mais l’homme. L’homme vis-à-vis de ses semblables. L’homme qui devait tant à Dieu et qui pourchasse son frère qui lui devait si peu.

 

Le message est donc celui du pardon : du pardon de Dieu et du pardon mutuel. Le pardon de Dieu est le fait de sa grâce et de sa bonté, le pardon mutuel est un choix délibéré de l’homme. Un choix qui peut être parfois difficile, un choix qui lui coûte mais dont il peut sortir grandi.

 

Je dis souvent que les choses dont on se souvient, les blessures, les mots qui ont fait mal, les agressions, les émotions, toutes ces choses dont on se souvient, ce sont celles que l’on n’a pas pardonnées. Nous ne sommes pas toujours capables de pardonner. On s’habitue, on enfouit, on fait semblant d’oublier, mais dans le fond, on ne pardonne pas.

 

En cela aussi, comme dans bien d’autres domaines, nous n’avons qu’à nous remettre à la bonté et à la mansuétude de Dieu. A vérifier quand même que nous avons fait, vraiment, tout ce qui était de notre possible pour arriver à un apaisement, pour pouvoir pardonner, pour de bon. Et puis à espérer que jamais Dieu ne vienne nous demander des comptes.

 

Oui, mais, me direz-vous, et le jugement dernier ? Ah ! Bien sûr, l’histoire finit mal pour de débiteur impitoyable, pour ce serviteur à qui Dieu a tout pardonné, tout remis, et qui s’en va poursuivre son frère. A la fin, il est condamné et puni. Il faut bien faire passer le message. Mais, ce qui doit guider l’homme, ce n’est pas cette peur du châtiment, mais c’est bien l’exemple de la bonté de Dieu dont, certes l’homme ne peut égaler, atteindre, qu’une infime partie. C’est pourquoi il doit compter sur la grâce de Dieu pour y parvenir et sur la bonté du Seigneur pour ne pas, à son tour, être condamné et puni.

 

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