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Sermon sur Mt 21, 33-42. Le 13ème dimanche après Pentecôte (2021)

Quand on lit cette parabole, on pense d’abord au temps de Jésus et à Jésus lui-même. Et c’est vrai qu’elle s’adresse d’abord aux Juifs. C’est une mise en garde. Ils sont le peuple élu. Dieu leur a confié la Loi, sa parole comme le père de famille a loué sa vigne aux vignerons. Pour les guider, il leur a envoyé les prophètes. Mais ils les ont rejetés. Ensuite, il leur a envoyé son propre fils, mais ils l’ont crucifié. Alors, la vigne a été confiée à d’autres et le Christ est devenu la pierre angulaire, celle qui fait tenir tout l’édifice. Ainsi la parabole se voulait prophétique pour les Juifs. Ils ne l’ont pas entendue.

 

Mais on doit lire aussi cette parabole en pensant à notre temps, à aujourd’hui, à nous et à Jésus, bien sûr, puisque nous nous disons chrétiens, c’est-à-dire disciples du Christ. C’est donc à nous, maintenant, que la vigne est confiée. Bien sûr, nous n’avons plus les prophètes, mais parfois, au milieu de nous, quelqu’un se révèle d’une manière particulière, par sa foi, sa prière, son témoignage, son engagement. Comment le recevons-nous ? Pour ne prendre que des exemples tout près de nous, il suffit de penser à la façon dont on a traité saint Alexis d’Ugine ou bien comment on a dénoncé sainte mère Marie et ses compagnons.

 

Mais au fait, que voulaient les vignerons ? La parabole le dit : tuons l’héritier et nous aurons l’héritage. Quel héritage ? Pas une vigne, bien sûr, mais le message, le don de Dieu lui-même. Le but était de le prendre, de le détourner, pour soi-même, pour satisfaire ses propres besoins, ses propres envies. Et là, nous sommes peut-être aussi comme les vignerons de la parabole.

 

Ce que Dieu nous a confié, c’est sa Parole, l’Evangile qu’a prêché son fils, Jésus-Christ. C’est cela notre vigne. C’est cela que nous devons faire fructifier. La vigne de la parabole n’est pas simplement un champ, non, il est entouré d’une haie, on y a construit une tour, la vigne est donc quelque chose d’organisé, de structuré. Cette vigne que Dieu nous a confiée, c’est l’Eglise et nous devons bien nous dire que l’Église ne nous appartient pas. L’Eglise n’appartient pas aux prêtres ou aux évêques, elle n’appartient pas non plus au peuple, aux laïcs. Personne n’est appelé à faire la loi dans l’Église. La loi, ce qui doit nous guider, c’est la parole de Dieu. Uniquement la parole de Dieu. L’Eglise ne nous appartient pas, nous appartenons à l’Eglise.

Mais nous sommes toujours tentés, comme les vignerons, de nous accaparer de l’héritage. De transformer l’Eglise en une sorte de distributeur automatique de grâces : une prière pour ceci, un molébène pour cela … et on attend les résultats.

 

Nous sommes toujours tentés de faire en sorte que l’Eglise corresponde à ce que nous voudrions qu’elle soit, qu’elle soit russe, grecque, géorgienne etc. avant même d’être même orthodoxe ou même d’être chrétienne. Qu’on y chante comme ceci, qu’on y célèbre comme ça, qu’on y fasse ceci ou cela. Nous mettons nos désirs avant la parole de Dieu. Les vignerons étaient là pour servir, pas pour se servir.

 

Ainsi, la parabole s’adresse aussi à nous. Car nous sommes tous appelés à servir, à nous occuper de la vigne. Les vignerons, ce n’est pas seulement le clergé, c’est aussi le peuple. Et que l’on soit appelé à servir comme diacre, prêtre ou évêque, ou bien que l’on s’engage dans un conseil paroissial, dans le chant, la préparation des prosphores ou le nettoyage de l’église (du bâtiment), ce qui doit nous conduire et inspirer notre engagement, c’est le service de Dieu. Notre service dans l’Eglise doit se faire pour la gloire de Dieu et non pour flatter notre orgueil ou satisfaire nos idées, nos conceptions, nos rituels, nos habitudes.

 

Oui, l’Eglise c’est nous. Nous en sommes les pierres vivantes et notre pierre angulaire, la pierre d’angle, celle qui doit nous tenir, c’est Jésus-Christ lui-même, sinon, tout s’écroule.

 

« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » dit Jésus, qui ajoute : « c’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux ». Avons-nous conscience de cela, est-ce encore une merveille à nos yeux ? Ou bien pensons-nous que tout cela est normal parce qu’on en a pris l’habitude ou, pire encore, parce qu’on pense que cela nous était dû !

 

Mais la question n’est pas de savoir ce que nous pensons, ce que nous avons pensé. Le tout est de retrouver l’Unique nécessaire. De remettre le Christ comme pierre d’angle. Et c’est un travail de tous les jours, parce que nous sommes toujours poussés à réagir en fonction de nous et pas de Jésus lui-même. L’unique nécessaire, c’est Jésus-Christ. Notre chemin vers lui, c’est la prière parce que, comme le dit le psaume : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs ».

Higoumène Guy (Fontaine)

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