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La prière personnelle (la règle de prière)

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La prière personnelle (la règle de prière)

 

Un jour, j’étais sur le marché. Il y avait beaucoup de monde autour de moi. Je marchais vite et j’ai donc dépassé les deux jeunes hommes, visiblement de nationalité arabe, qui étaient devant moi. C’étaient des gars ordinaires, habillés comme des jeunes et se comportant comme des jeunes hommes de leur âge. Alors qu’ils étaient derrière moi, soudain le téléphone de l’un d’eux a sonné. Et je suis devenu un témoin involontaire du monologue suivant : « Bonjour, bonjour … Oui, rencontrons-nous. … Mais je ne peux pas à deux heures. Je dois lire la salât à la maison … Rendez-vous à trois heures … » et ainsi de suite. J’ai été surpris : un jeune homme d’apparence ordinaire, par souci de prière, reporte la réunion. Un exemple tiré de la vie ordinaire digne d’être une leçon pour les croyants ! Comme le disent les moines athonites : « Il vaut mieux voir l’insolite dans l’ordinaire que de n’admirer que le génial ».

Nous savons tous que dans l’Islam il y a une règle de prière ; elle s’appelle la salât. Et qu’en est-il du Christianisme ? Y a-t-il ou non une règle de prière dans l’Orthodoxie ? Bien sûr, il y en a une, et nous en parlerons aujourd’hui.

Dans les descriptions de la vie des saints ascètes, il est dit que lorsqu’ils se rencontraient, les saints pères, au lieu de se saluer, se demandaient : « Comment priez-vous ? ». Nous n’en parlons généralement pas du tout. Et souvent chacun de nous prie comme il en a l’habitude ou comme il le peut. Mais la prière personnelle à Dieu est un moment très important, c’est la première preuve que nous croyons vraiment en Dieu. Et souvent, c’est notre prière personnelle qui est le bon critère pour estimer le niveau de notre vie spirituelle.

Et par conséquent, la prière personnelle, ainsi que toute la vie chrétienne, doivent avoir leur propre discipline, leur propre règle.

Mais faisons une remarque importante : le Christianisme n’est pas une religion de règles ni un ensemble de lois et d’interdictions. Le Christianisme est une religion de liberté. La règle est toujours un élément de discipline. Et la tâche de la discipline est d’inculquer certaines compétences, d’apprendre quelque chose par la répétition constante et l’adhésion aux mêmes exercices. Dès que la tâche est accomplie et qu’une personne a déjà appris quelque chose, les règles deviennent inutiles. Comme l’ont dit les saints pères : la règle, ce sont les béquilles qui nous apprennent à marcher. Dès que nous avons appris à marcher, nous n’avons plus besoin de béquilles, elles peuvent être jetées pour nous laisser marcher librement. Ainsi la règle peut devenir un obstacle pour vivre librement dans la grâce. C’est pourquoi le Christ a dit : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. » (Mc 2,27). Autrement dit, c’est la règle qui doit servir le bénéfice d’une personne, et non une personne qui doit être à jamais subordonnée à la règle.

Il existe trois approches de la règle de la prière personnelle dans l’Orthodoxie moderne.

Première approche : lire toutes les prières du matin et du soir qui se trouvent dans le livre de prières.

Les prières du matin, qui se trouvent dans le livre de prières, consistent en ce que l’on appelle le « début habituel » : ce sont les prières initiales, « Roi Céleste », le Trisagion complet et le « Notre Père ». Ce sont des prières très profondes, et en aucun cas vous ne devez les lire rapidement et superficiellement.

Ensuite, vient les courts tropaires matinaux : « Réveillés du sommeil… », puis la prière à la Sainte Trinité, « À mon réveil, je te rends grâces, ô sainte Trinité… », ensuite le Psaume 50 suivi du Symbole de la Foi, et après cela, toute une série de prières. Tout se termine par des prières pour les vivants et les morts, ainsi que des prières de clôture. La durée totale de lecture des prières du matin est de 20 à 30 minutes.

Les prières du soir se trouvent également dans le livre de prières et consistent en des prières initiales, suivies des tropaires de repentance « Aie pitié de moi, Dieu, aie pitié de moi … » et d’autres prières. Leur lecture dure un peu plus longtemps que la lecture des prières du matin.

La deuxième approche : le matin et le soir, ne lire que des prières choisies, et non pas toute la règle.

Habituellement, les gens choisissent les prières qui leur sont particulièrement proches. Ceci est conseillé, en particulier, par saint Théophane le Reclus. En effet, parmi toutes les prières, à la fois du livre de prières et du service divin, il y a de telles prières qui, pour une raison quelconque, sont plus proches de nous que d’autres. Elles valent la peine d’être lues. Mais dans ce cas, il faut aborder raisonnablement le choix des prières, pour ne pas en prendre trop peu ou, au contraire, excessivement.

Enfin – la troisième approche : suivre la règle de saint Séraphin le Sarov :

C’est la triple lecture de la prière « Notre Père », puis, également lue trois fois, la prière « Mère de Dieu et Vierge, réjouis-toi, Marie, pleine de grâce… » et aussi, le Symbole de la Foi qui est lu une fois. St. Séraphin conseillé d’utiliser cette règle pour ceux qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas lire toutes les prières nécessaires (une autre occupation, un jour chargé ou tout simplement un manque de force).

La règle de prière doit donc toujours exister.

Que nous enseigne la règle de la prière ?

Cela nous apprend à prier constamment Dieu. À quelle fréquence et pendant combien de temps devons-nous prier ? La réponse sera inattendue : le plus souvent sera le mieux. « Priez sans cesse » (1 Thess. 5:17) a écrit l’apôtre Paul. La règle de la prière nous apprend à nous souvenir constamment de Dieu, non seulement lorsque nous lisons les prières du matin et du soir, ou des prières avant et après les repas, mais aussi à tout moment de notre vie. Nous devons toujours nous souvenir et nous adresser à Lui. Par conséquent, vous pouvez, si vous le souhaitez, lire toutes les autres prières du livre de prières pendant la journée : les canons, les acathistes, le psautier et bien d’autres. Mais les saints pères ont insisté sur le fait qu’il faut prier avec attention et sans dispersion de la pensée.

Bien sûr, la pratique de la vraie prière constante est la hauteur spirituelle de certains moines et pas de tout le monde. Les moines consacrent toute leur vie à apprendre, à vivre la prière incessante de Jésus, par la répétition continuelle, même la nuit, pendant le sommeil : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. »

Certes, il n’est pas du tout facile de faire en sorte que cette prière devienne ‘notre’ prière et qu’elle habite dans notre coeur. Car assurément, la pratique d’une telle prière doit être étroitement liée à la lutte contre les passions pécheresses. Quiconque pratique cette prière de manière incorrecte, ou qui ne lutte pas avec ses péchés, peut tomber dans l’illusion spirituelle, ce qui est assez dangereux pour la condition spirituelle, mentale et physique d’une personne.

Quels sont les obstacles à la prière ?

Tous ceux qui prient savent que l’exploit de la prière est l’un des plus difficiles, car toute notre nature pécheresse et déchue s’y oppose. Les saints pères en parlent souvent. Il existe de nombreux obstacles à la prière. Parlons des principaux.

Obstacles chez les néophytes

Un néophyte, c’est une personne qui ne s’est que récemment tournée vers Dieu, elle n’est devenue croyante que depuis peu de temps. C’est un mot grec qui signifie littéralement « nouvellement planté » ou, comme on dit souvent, « vert ».

Habituellement, une telle personne commence à prier avec difficulté au début. Les premières prières sont difficiles pour elle. En outre, les prières sont également compilées en slavon, la langue liturgique de l’Église Russe.

Mais avec le temps, une telle personne prend goût à la prière et commence à prier avec un grand désir et une élévation spirituelle. Elle veut prier de plus en plus. Elle lit toutes les prières du matin et du soir avec grand plaisir. Elle apprend la « joie » et la « douceur » de la prière, certains sentiments et impulsions spirituels élevés.

De tels néophytes peuvent rechercher des « états de prière gracieux ». Si soudainement pendant la prière, une telle personne n’a pas ressenti un sentiment de « grâce », elle pense qu’elle n’a pas prié correctement. Puis elle commence à tout prix à rechercher des expériences de prière remplies de grâce. Et finalement elle les trouve. Mais non pas parce que Dieu lui envoie ces « sentiments de grâce », mais surtout parce qu’elle les invente pour elle-même.

C’est une erreur spirituelle. Les saints pères ont appelé cet état d’auto-tromperie. C’est dangereux. Vous pouvez vous perdre et vous blesser.

Obstacles pour les chrétiens plus expérimentés

Sécheresse de la prière

Les chrétiens plus expérimentés ne recherchent plus des sentiments « gracieux » dans la prière. Ils récitent humblement et calmement des prières, se rendant compte qu’ils ne sont pas dignes de sentiments de grâce. Cependant, si Dieu leur en envoie, ils les recevront avec humilité et gratitude. Mais de tels chrétiens commencent à faire face à une autre difficulté : l’habitude de la prière et de la sécheresse. Souvent, les prières leur sont déjà familières, connues par cœur et souvent n’évoquent donc plus de forts sentiments.  Fréquemment, ces prières sont lues simplement « automatiquement ». Pour éviter cela, saint Théophane le Reclus conseille de choisir les prières qui touchent le cœur et attirent l’attention.

L’inattention dans la prière

Parfois, l’attention ne peut pas être concentrée dans la prière. La pensée glisse constamment dans une autre chose. Après avoir lu quelques prières, nous remarquons soudain que nous ne pensons pas du tout aux paroles de la prière, mais que nous pensons à autre chose. Ou, après avoir commencé à lire une prière avec attention, nous passons soudainement mentalement à une autre réflexion, souvent quotidienne. Parfois, une telle distraction dans la prière est facile et réparable, mais parfois elle se transforme en toute une obsession, difficile à gérer. Alors comment gérer cela ? Les saints pères conseillent de rassembler notre attention sur la prière elle-même : lire chaque mot de la prière attentivement et avec émotion. Si votre attention s’est échappée, retournez au lieu même de la prière, là où elle a disparu et recommencez à lire. Parfois, de courtes prières ou la pratique de la prière de Jésus, répétées plusieurs fois, contribuent à maintenir l’attention dans la prière.

Voici une brève introduction à la prière orthodoxe.

La prière en tant que vie spirituelle – n’a pas de fin et sa perfection est inatteignable. Mais c’est l’indicateur principal de notre vie spirituelle.

Que Dieu nous aide dans ce domaine.

 

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