0. Toutes les catégories,  01. Nouvelles,  02. Homélies

Le mauvais riche et le pauvre Lazare. (Luc 16, 19-31)

L’Evangile est une parole vivante. Parce qu’il est une parole vivante, il éclaire notre état, notre situation, notre attitude, au-delà des siècles et des structures de société. Il ne s’agit pas d’interpréter la parole, il s’agit de la comprendre avec notre sensibilité d’aujourd’hui, nos connaissances, ce que nous sommes et le monde dans lequel nous vivons.

 

Un monde qui rappelle étrangement la figure du riche de cette parabole que nous venons d’entendre. Notre monde est un univers du paraître comme l’homme riche qui « s’habillait de pourpre et de linge fin », c’est un monde de consommation où on peut faire « chaque jour de brillants festins ». Un monde où certains pays produisent trop de denrées alimentaires alors qu’il en manque cruellement à d’autres. Où les rayons de nos supers marchés regorgent de trente six sortes de nourritures pour nos chiens et nos chats (dont la publicité nous dit même, qu’ils peuvent être difficiles) tandis que dans d’autres pays les magasins sont vides du plus essentiel nécessaire !

 

 

Car, à côté du monde de celui que la tradition a appelé le mauvais riche, il y a le monde du pauvre Lazare. Des millions, de gens qui n’ont pas assez à manger qui voudraient bien, sans doute «  se rassasier de ce qui tombe de la table du riche », mais personne ne leur en donne.

 

Bien sûr, il y a l’aide humanitaire, le secours caritatif. Mais rien qui donne aux pauvres le droit de créer pour avancer des sociétés basées sur autre chose que sur les intérêts des riches.

 

Et de plus, les pauvres Lazare ne sont pas seulement dans le tiers-monde. Il y a la famine, mais il y a aussi tous ceux qui, chez nous, vivent – comme on dit – en-dessous du seuil de pauvreté. Pourtant, tous sont tout à côté de la table du riche, mais ils sont les exclus, les chômeurs, les SDF, les clandestins …

 

Si on en revient au récit de l’Evangile, une chose différencie les deux personnages : Lazare a un nom, le riche n’en a pas. Il est anonyme. Comme notre société. Société anonyme. Productivité, rentabilité …

 

 

Dans les entreprises, on ne parle plus de service du personnel mais de ressources humaines, comme on a des ressources financières ou énergétiques. L’homme devient un outil, un instrument au service de la production. Il produit une richesse dont on lui donne une part afin qu’il la dépense et joue son rôle de consommateur, essentiel à faire tourner la machine.

 

L’homme devient anonyme comme la société. Il perd son âme comme il perdrait son nom. L’homme cesse d’être humain. Il est mort.

 

Et voilà qu’une parole vient lui parler de Vie. Voilà que Jésus-Christ ne cesse de dire à ses disciples : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » L’amour comme réponse à l’exploitation, à l’indifférence, à la violence, à la misère.

 

Mais la vie de l’homme d’aujourd’hui se rythme au jour le jour de ses heures de travail et ses maigres repas, de ses loisirs tout préparés ou de son existence parmi ses meubles en kit. Mais il lui arrive de crier au secours. De ressentir la faim d’un autrement, la soif d’une autre chose. Il se rend compte qu’il n’est plus rien. Que sa vie, cette vie qu’il voulait pourtant garantie tout confort ne le mène à rien. Elle n’a pas de sens.

 

Nous sommes dans ce monde. Nous vivons dans ce monde. Mais si nous sommes vraiment chrétiens, nous vivons sur des valeurs qui ne sont pas de ce monde. « C’est moi qui vous ai mis à part du monde » nous dit Jésus. Le monde peut nous rejeter et nous pouvons rejeter le monde, mais pas rejeter les hommes qui vivent dans ce monde.

 

Parce que nous, nous sommes-là. Nous sommes riches de cette parole de Vie qui est en nous. Serons-nous capables, dans ce monde, dans cette vie, tant que le fossé ne s’est pas creusé entre ceux qui sont « dans le sein d’Abraham » et ceux qui sont « dans le séjour des morts », serons-nous capables de tremper dans l’eau le bout du doigt et d’aller au moins rafraîchir la langue de ceux qui en ont besoin ?

 

Pour cela, encore faut-il que nous ayons gardé notre âme, conservé notre nom, notre nom d’homme, celui qui fait de nous des êtres uniques aux yeux de Dieu, uniques comme êtres et comme personnes. Encore faut-il que nous ayons gardé de cette eau vive qu’est la Parole de Dieu, la parole vivante de l’Evangile, l’Evangile qui, parce qu’il est une parole vivante, éclaire notre état, notre situation, notre attitude, au-delà des siècles et des structures de société.

 

Seigneur donne-nous de voir cette lumière, qu’elle éclaire notre vie et nous guide.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *