Orthodoxie et Liturgie
C’est dans le culte liturgique que l’Église s’exprime. C’est par la participation aux offices divins que se fait pour chacun de nous la première rencontre avec l’Église. Lorsque nous entrons pour la première fois dans l’église, lorsque nous commençons à fréquenter une paroisse, nous sommes accueillis par un rite liturgique de l’Église orthodoxe qui est profondément touchant et mystique : le prêtre prononce des prières dans une langue spéciale, le chœur chante des hymnes spirituels du style élevé, une lumière calme et agréable se repend des cierges, les icônes représentent le Christ, la Mère de Dieu et des saints, le parfum de l’encens remplit l’espace. Il semble que nous soyons transportés dans un autre monde, dans le passé il y a plusieurs centaines voire mille ans, il semble que le temps s’est arrêté, que nous sommes entrés en contact avec l’éternité.
Et avant que nous sachions que l’Église a sa propre doctrine, l’Écriture Sainte, le Credo et l’administration ecclésiale, c’est par l’office liturgique que nous entrons d’abord en contact avec cette l’Église. De plus, comme nous en parlions la dernière fois, cette dimension liturgique pleine de grâce est la véritable manifestation de l’Église, dans toute la plénitude de la grâce divine de la présence du Christ.
Le rite de l’Église Orthodoxe s’est formé à Byzance. Un peu d’histoire. Nous connaissons tous le Rome antique. Cependant, peu de gens savent ce qu’est « Byzance ». Le fait est que l’ancien empire romain a existé du 8ème siècle avant JC au 6ème siècle après JC. Ainsi, au IVe siècle, alors que le déclin de l’Empire romain n’était pas déjà loin, l’un de ses brillants empereurs, Constantin le Grand, qui fut le premier à admettre officiellement le christianisme, et même être baptisé lui-même, déplaça la capitale de l’Empire romain à un autre endroit. Nous connaissons un tel moment de l’histoire de la Russie, lorsque l’empereur Pierre I le Grand a décidé de quitter l’ancienne capitale Moscou et en a fondé une nouvelle – Saint-Pétersbourg. Konstantin a fait la même chose. Il a fondé un nouvel Empire romain – Byzance, avec Constantinople comme capitale. C’est maintenant la ville d’Istanbul, en Turquie, sur le Bosphore, là où la mer Noire rejoint la mer de Marmara, et là où l’Europe touche l’Asie Mineure. La Byzance a durée mille ans. C’est elle qui est devenue un État chrétien, c’est elle qui a donné de nombreux saints orthodoxes, moines, écrivains spirituels, architectes, iconographes. C’est à partir de Byzance que la Rus’ de Kiev, ainsi que toute l’Europe de l’Est (Serbie, Bulgarie, Roumanie) ont adopté le christianisme. Les Byzantins ont été appelés « Grecs » par des Russes parce qu’ils utilisaient la langue grecque. Mais les Byzantins-mêmes se nommaient avec un certain fierté « Roumains ».
La science théologique qui traite de l’étude de l’office chrétien s’appelle la « Liturgie ». Dans la Liturgie, le rite orthodoxe est appelé le « rite byzantin ». Ce rite était influencé par deux courants : l’office solennel des églises épiscopales et l’offices simples des monastères. Si l’on compare toutes les branches du christianisme existant actuellement, c’est le rite liturgique orthodoxe qui est le plus développé et le plus riche d’entre eux.
Les offices orthodoxes on divise en offices publics et privés. Les publics – offices célébrés pour tous : Vêpres, Matines, Liturgie, etc. Les privés – offices célébrés sur commande personnel : baptêmes, funérailles, mariages, etc.
Les offices orthodoxes sont réglementés par le livre liturgique Typikon. Le Typikon prescrit d’accomplir ces offices tous les jours, ce qui se passe dans les monastères.
Par commodité, les offices orthodoxes sont divisés en cercles liturgiques : journalier, hebdomadaire et annuel.
Le cycle journalier se compose des offices qui sont accomplis pendant la journée. Ils sont au nombre de neuf : 1. Vêpres (les jours liturgiques commencent le soir), 2. Complies, 3. Office de minuit. 4. Matines. 5. 1ère heure. 6. 3ème heure. 7. 6ème heure. 8. Liturgie. 9. 9ème heure. Le livre liturgique contenant ces offices s’appelle le Livre des Heures.
Le cercle hebdomadaire – chaque jour de la semaine est dédié à un événement spécifique : 1. Dimanche – à la résurrection du Christ, 2. Lundi – aux saints anges, 3. Mardi – au Jean le Précurseur, 4. Mercredi – à la Croix (jour de jeûne), 5. Jeudi – aux apôtres, 6. Vendredi – à la Croix (jour de jeûne), 7. Samedi – à tous les saints et aux morts. Les hymnes du cercle hebdomadaire se trouve dans le livre liturgique « Octoèque ».
Cercle annuel – chaque jour de l’année est dédié à un saint ou à un jour de fête. L’année liturgique commence en septembre. Citons seulement les fêtes les plus importantes. Il y en a douze. Elles sont dédiées au Christ et à la Mère de Dieu : 1. Nativité de la Mère de Dieu (21 septembre), 2. Exaltation de la Croix (27 septembre), 3. Entrée de la Mère de Dieu au Temple (4 décembre), 4. Nativité du Christ (7 janvier), 5. Baptême du Christ (19 janvier), 6. Sainte Rencontre (5 février), 7. Annonciation (7 avril), 8. Entrée du Seigneur à Jérusalem (une semaine avant Pâques), 9. Ascension (le 40e jour après Pâques), 10. Pentecôte (le 50e jour après Pâques), 11. Transfiguration (19 août), 12. Assomption de la Mère de Dieu (28 août). Pâques n’est pas comprise parmi les douze fêtes, car elle est, selon l’expression liturgique, « la fête des fêtes et la célébration des célébrations ». (Facile à retenir : 12 fêtes avec Pâques ressemblent aux 12 apôtres avec le Christ). Les offices des jours de l’année se trouvent dans les livres liturgiques des Ménées (12 volumes : un volume pour chaque mois), le Triode de Carême (Carême) et le Triode des fleurs (De Pâques à la Pentecôte).
Des offices privés sont très nombreux. Ils se trouvent dans le livre liturgique « Eucologe », nous ne mentionnerons que des sacrements. Le sacrement est un office divin pendant lequel la grâce spéciale salvatrice et sanctifiante de Dieu est nécessairement envoyée sur les chrétiens. Il y a sept sacrements : 1. Baptême. 2. Chrismation. 3. Pénitence. 4. Communion. 5. Onction des malades. 6. Mariage. 7. Sacerdoce.
Chaque chrétien orthodoxe lit les prières du matin et du soir à la maison (en entier ou sous forme abrégée). Ces prières se trouvent dans le « Livre de prières ». À part des prières du matin et du soir « Le livre de prières » contient également des prières pendant la journée, avant et après la communion, des canons, des acathistes, et des psaumes etc.
Le slavon est une langue liturgique de notre église. C’est une langue très mélodieuse et belle. Elle a été composée par les saints Cyrille et Méthode au IXe siècle, pour les missions chrétiennes parmi des Slaves. Ne pensez pas que le slavon n’a pas changé. Elle, comme toute langue, a subi une évolution. Nous utilisons maintenant la version du slavon qui remonte au XVIIIe siècle. Il est en grande partie russifié. L’avantage du slavon est qu’il crée une atmosphère spéciale et sacrée, car la langue parlée ordinaire simplifie involontairement les mots, les termes, le style de prière. Soit dit en passant, de nombreuses églises nationales utilisent également des langues anciennes dans leurs rites liturgiques : grecque, géorgienne, arménienne, éthiopienne. Même d’autres religions utilisent des langues anciennes dans le culte : musulmans, juifs, hindous, bouddhistes. La langue ancienne crée l’atmosphère du sacré, de l’altérité, du sublime. De plus, il est dépourvu de vocabulaire d’argot quotidien et des termes sales.
L’office divin est une prière, c’est une conversation avec Dieu. L’apôtre Paul a écrit : « Priez constamment » (1 Thess. 5:17). L’Orthodoxie a compris cet appel au pied de la lettre. Dans le monachisme orthodoxe et parmi les laïcs, il existe une pratique particulière de la « Prière de Jésus », lorsqu’une courte prière adressée au Christ est dite constamment, sans interruption. Parfois, un chapelet est utilisé pour cela : « Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur (pécherèsse). »
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