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Saint Ignace, le porteur de Dieu

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Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire d’un saint spécial, il a un nom spécial et une vie également spéciale. C’est le seul saint qui porte un nom un peu inhabituel : « Porteur de Dieu ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Certains disaient que saint Ignace avait constamment la mémoire de Dieu, le priait sans interruption et semblait donc porter Dieu dans son cœur, dans sa mémoire, dans son âme. C’est pourquoi il était appelé « Porteur de Dieu ».

Mais il existe une autre explication, plus historique. Elle explique l’épithète « Porteur de Dieu » dans le sens opposé : ce n’est pas saint Ignace qui portait Dieu en lui, mais c’est Dieu qui portait Ignace. Comment comprendre cela ? L’Évangile nous parle d’un événement au cours duquel une question a été posée au Christ : « Qui entrera dans le Royaume des Cieux ? » Alors le Christ prit un enfant dans ses bras et il dit : « Si vous ne devenez pas comme un de ces enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » Et cet enfant était précisément saint Ignace lui-même. Après avoir grandi, il est devenu un évêque chrétien et a souffert pour le Christ en tant que martyr.

Comme nous le voyons, l’année de naissance de saint Ignace tombe dans les années trente du premier siècle, lorsque le Christ vivait et prêchait. Géographiquement, l’ancienne Palestine, ou Israël moderne, borde la Syrie au nord. Saint Ignace était Syrien. Antioche resta longtemps la principale ville de Syrie. Et bien sûr, les apôtres prêchaient dans cette ville. Le livre des Actes des Apôtres nous apprend que c’est à Antioche que les disciples du Christ commencèrent à être appelés « chrétiens ». L’histoire de l’Église nous apprend également que le premier évêque chrétien d’Antioche fut l’apôtre Pierre, puis l’apôtre des soixante-dix Evodas et enfin saint Ignace, le Porteur de Dieu.

L’important est que ce saint appartenait à l’époque de la première ou de la deuxième génération de chrétiens. Son père spirituel était le saint apôtre Jean le Théologien lui-même. Saint Ignace était l’évêque d’une ville très importante et célèbre en Ancien Orient. En 106, sous le règne de l’empereur Trajan, un ordre fut émis dans tout l’Empire romain d’offrir un sacrifice obligatoire aux idoles païennes à l’occasion de la victoire sur les Scythes. Bien entendu, l’évêque chrétien Ignace a refusé de le faire. Une dénonciation fut portée contre lui et il fut emprisonné. Le tribunal décide d’envoyer cet évêque chrétien à Rome, au Colisée. À cette époque, dans l’arène du Colisée, des criminels condamnés, des voleurs, des bandits, des rebelles et, bien sûr, des chrétiens innocents mouraient pour le plaisir du public assoiffé de sang. Le vieil évêque, qui avait déjà plus de 80 ans, fut envoyé enchaîné à Rome pour une mort honteuse.

Saint Ignace, accompagné de gardes, qu’il appelle « léopards » dans ses lettres, se rend à Rome. C’était un long voyage, souvent à pied, parfois sur des charrettes, et par mer dans des cales de navires sales. Cela dure d’août à décembre 107. Pendant tout ce temps, les chrétiens pouvaient facilement racheter le vieil évêque. L’église chrétienne possédait suffisamment d’argent et de ressources, et les soldats accompagnant saint Ignace étaient avides et corrompus. Mais saint Ignace lui-même refusa la rançon. Il accepte volontairement de devenir le martyre. Il se compare poétiquement et magnifiquement au blé, et les dents des animaux sauvages du Colisée aux meules. Les meules devraient moudre le blé en farine pour qu’il devienne le pain du Christ. Le saint mourut dans l’arène du Colisée en 107.

L’enseignement du saint Ignace

Le fait est que, en voyage à Rome, le saint écrit six lettres publiques aux églises chrétiennes et une lettre personnelle à l’évêque Polycarpe. Toutes elles sont parvenues à nous. Bien entendu, dans ses messages, le saint exhorte les chrétiens à vivre selon les enseignements du Christ. Mais il aborde également trois sujets importants dont nous parlerons aujourd’hui et qui n’ont pas perdu de leur pertinence à ce jour.

Le premier sujet : la réalité et l’historicité du Christ. À l’époque de saint Ignace, le faux enseignement suivant était répandu, que le Christ n’était pas du tout une personne réelle, Il n’était qu’un fantôme, un fantôme qui apparaissait ici et là et enseignait aux gens comment vivre et croire en Dieu. Par conséquent, sur la Croix, ce fantôme n’est pas mort, mais a seulement fait semblant d’être mort et est ensuite apparu comme ressuscité. C’était l’hérésie des « docètes » (du verbe grec doceo – « paraître »). Saint Ignace a réfuté un tel faux enseignement. Il a insisté sur le fait que le Christ-Dieu est devenu un véritable homme. Il disait que c’était très, très important. Cela signifie que le Fils de Dieu a vraiment renouvelé notre humanité, l’a vraiment délivrée de toutes les imperfections, erreurs et péchés. Aujourd’hui, malheureusement, cet enseignement des docètes est répété, mais dans d’autres versions et interprétations, qui se résument toutes à une seule vision : le Christ est une personne irréelle et mythologique. Le Christ n’existait pas dans l’histoire.

Le deuxième sujet est étroitement lié à l’enseignement sur le Christ – c’est l’enseignement sur l’appartenance à l’Église. Saint Ignace enseignait que puisque le Christ est un véritable personnage historique, alors quiconque qui croit en Lui doit nécessairement être un véritable membre de l’Église. Il ne suffit pas du tout de simplement croire en Dieu et de ne pas fréquenter une église chrétienne. C’est dans l’église qu’une personne communique réellement et efficacement avec Dieu à travers les sacrements du baptême, de l’Eucharistie et de la confession. Cet enseignement du saint Ignace est toujours actuel aujourd’hui, où l’on entend souvent les objections suivantes : « Pourquoi devrais-je aller à l’église si dans mon âme je crois déjà en Dieu ? C’est assez ». Non, cela ne suffit pas du tout. Il est impossible d’être croyant et de ne pas aller à l’église. Une telle personne ne reconnaît qu’en théorie l’existence de Dieu, mais en réalité elle est loin de Lui et mène sa vie dans le péché.

Troisième thème : le respect de la hiérarchie chrétienne. Au temps de saint Ignace, certains fauteurs de troubles apparurent dans les communautés chrétiennes qui disaient à peu près ceci : « Pourquoi avons-nous besoin d’un évêque, pourquoi avons-nous besoin d’un prêtre ? Organisons notre vie sans eux. Nous allons nous sentir bien sans le clergé. Rassemblons-nous, faisons des services et des réunions sans hiérarchie spirituelle et dirigeons l’Église comme nous le souhaitons. Nous nous sentirons bien et amicaux ensemble, dans notre chaleureuse « réunion entre nous ». Saint Ignace écrit à ces fauteurs de troubles que la vraie l’Église est là où le clergé officie. Seule est la véritable Eucharistie, qui était célébrée par le prêtre et seul est le baptême complet s’il était célébré par le clergé. Mais sans l’Église, sans Eucharistie et sans baptême, il n’y a pas de salut. Saint Ignace a insisté sur le fait que c’est le clergé qui a toujours été et qui est toujours le centre spirituel d’une paroisse, autour duquel se forme une communauté chrétienne.

Enfin, une remarque intéressante et profonde appartenant à saint Ignace. Il appelle la paroisse chrétienne par le terme grec « parikia », qui se traduit littéralement par « communauté temporaire et itinérante ». Autrement dit, notre paroisse chrétienne qui se trouve ici sur terre, n’est qu’une errance, un voyage temporaire. Le véritable but de notre voyage est la Jérusalem céleste éternelle.

Saint Ignace, prie Dieu pour nous !

 

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