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Sermon sur le 27e dimanche après Pentecôte – 2020 Lc 13, 10-17

Père Guy (Fontaine)

L’évangile que nous venons d’entendre est tout à fait symbolique, révélateur, du sens profond de la Bonne Nouvelle, du message de Jésus qui est avant tout un message d’amour, un message de charité. Un enseignement que l’on pourra traduire en disant que la Loi n’est plus inscrite dans la pierre mais dans les cœurs, ce que saint Paul ne cessera d’exprimer en disant que nous sommes désormais justifiés par Jésus-Christ et non plus par la Loi ; un enseignement dont on doit aujourd’hui encore garder l’esprit si on veut être vraiment chrétien et même singulièrement chrétien orthodoxe.

 

Revenons un moment à l’histoire : Jésus enseigne dans une synagogue, nous sommes le jour du sabbat, jour de repos pour les Juifs ; une femme est là et Jésus la guérit de son infirmité ; au chef de la synagogue qui s’indigne, Jésus répond : vous déliez bien votre bœuf pour le mener à boire …

 

D’un côté, des théologiens, on pourrait dire aujourd’hui des rabbins ou des prêtres, qui prônent un respect strict de la loi allant jusqu’à reprocher une guérison (miraculeuse) comme on reprocherait aujourd’hui à un médecin de soigner un malade le dimanche ou jusqu’à dire aux gens du peuple : si vous voulez vous faire guérir, revenez un autre jour !

 

De l’autre, Jésus, touché de compassion et pour qui l’amour pour les hommes passe avant tout, c’est même une nécessité qu’il compare au fait de donner à boire à un être vivant.

 

C’est le conflit du légalisme et de la charité.

 

Jésus ne tient pas un cabinet médical, un centre de guérisons, un bureau des miracles qu’il faudrait fermer le jour du sabbat, comme on devrait le fermer chez nous le dimanche ou – à tout le moins – un jour par semaine selon les lois du commerce de détail.

 

La bonté de Dieu ne connaît pas de limites et certainement pas celles des règlements édictés pour les hommes même si ces règles sont données pour leur bien, leur édification ou leur permettre tout simplement de vivre en communauté, de vivre ensemble.

 

D’ailleurs, Jésus ne remet pas en question ces règles, il ne critique pas la règle du sabbat, il ne la rejette pas non plus, il lui pose une limite : celle de la charité.

 

Alors, celui d’entre nous qui ferait des règles – quelles qu’elles soient – une obligation stricte et sans condition deviendrait semblable aux fondamentalistes, aux intégristes. Il ne faut pas tomber dans l’obscurantisme de la règle à tout prix mais toujours garder à l’esprit l’enseignement de Jésus.

 

Un enseignement qui inspire le prêtre – et, comme je le disais, singulièrement le prêtre orthodoxe – lorsqu’il se trouve en présence d’un fidèle et qu’il doit confronter une situation humaine avec les prescrits de ce qu’on appelle le droit canonique.

 

Ce n’est pas du laxisme, du laissez faire. C’est tout sauf du n’importe quoi, ce n’est pas non plus une interprétation, c’est une lecture charitable à la lumière de l’enseignement de Jésus dont on a dit qu’il était maître du sabbat parce qu’il est le maître de la loi.

 

Juste une dernière réflexion sur ce texte. A un moment, Jésus interpelle le chef de la synagogue en le traitant d’hypocrite parce que, tout en disant bien haut qu’il faut respecter strictement une règle – ici celle du sabbat – il fait discrètement des choses qu’il juge nécessaires.

 

Dans le même ordre d’idée, je me sens mal à l’aise en pensant à nous et à notre carême de Noël, une période qui prépare notre célébration de la naissance selon la chair de Notre Seigneur Jésus Christ le 7 janvier, mais qui ne nous empêchera pas de gueuletonner et de faire la fête le 24 et le 31 décembre.

 

Alors ? Faut-il changer de calendrier ? Non. En tout cas, pas pour cette raison qui serait une mauvaise raison et qui en reviendrait à adapter les règles de l’Eglise aux contingences sociales. Faut-il supprimer le carême ? Ce serait céder à la facilité et, ici, adapter les règles pour satisfaire notre faiblesse ou notre paresse.

 

Néanmoins, dans l’application de ces règles, on ne peut pas ne pas tenir compte des situations sociales ou familiales, ne pas tenir compte de nos limites et de nos faiblesses. Le tout est de le faire en toute conscience.

 

Ça vaut la peine d’y penser dans les semaines qui viennent …

 

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