Sainte Matrona de Moscou

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De temps en temps, le Seigneur nous donne des saints qui sont particulièrement vénérés à un moment ou à un autre. De tels saints sont en quelque sorte les patrons de leur temps, de leur époque, car ils ont vécu relativement récemment et étaient proches de nous et de nos contemporains.

Par exemple, dans l’Église orthodoxe russe ce sont saint Séraphin de Sarov, saint Jean de Cronstadt, saints Ignace Brianchaninov et Théophane le Reclus, les anciens d’Optina, les nouveaux martyrs et confesseurs de Russie, et bien d’autres.

L’un des saints vénérés est Matrona de Moscou. Je dirais que maintenant Sainte Matronaest la patronne de la ville de Moscou et de toute la Russie. Lorsqu’en 2019  je me trouvais à Moscou, le Seigneur  a daigné que je sois au monastère de l’Intercession de la Mère de Dieu, où reposent ses reliques. J’ai vu une longue file qui s’étendait en fait sur plusieurs kilomètres. Il était évident qu’il y avait des gens abattus, malades,  des cas graves. Je dirais que j’ai vu de mes propres yeux comment la capitale souffrante et le pays recourent au secours de cette sainte. Une vue puissante. Je me suis souvenu qu’à peu près de la même manière, à l’époque soviétique, une ligne similaire se trouvait au Mausolée de Lénine. Mais maintenant les temps ont changé, et les gens vont vers une sainte. S’il y avait alors un désir de toucher au mythe inventé du brillant avenir soviétique, maintenant les gens se tournent vers Dieu pour obtenir de Son aide.

Sainte Matrona a vécu à la fin du 19e – début du 20e siècle. Sa vie a coïncidé avec la chute de la monarchie russe et la première moitié de la période soviétique de l’histoire. Ce furent des moments très difficiles.

La sainte est née dans une simple famille paysanne, dans la région de Moscou (quartier moderne de Khimki). Elle est née aveugle. Elle n’avait pas d’yeux depuis sa naissance. Sa mère a fait un rêve, comme si un oiseau blanc d’une beauté extraordinaire était assis sur sa poitrine. Mais cet oiseau était aveugle. Après un tel rêve, la mère a changé d’avis  et n’a pas confié sa fille à l’orphelinat du prince Golitsyn.

La fillette aveugle a grandi en esprit de sagesse et était profondément religieuse. À l’âge de 7-8 ans, elle a commencé à donner des conseils aux gens sur ce qu’il fallait faire,  à avoir le don de clairvoyance et à guérir les maladies. De nombreuses personnes malades et abattues ont commencé à demander régulièrement de l’aide à la jeune fille, apportant de la nourriture en signe de gratitude, soutenant ainsi une simple famille pauvre. Ainsi, la jeune fille malade, qui était censée être un fardeau pour la famille, est devenue son soutien. Un des nombreux cas similaires de sa vie : dans un village voisin, à 4 kilomètres de là, vivait un homme qui ne pouvait pas marcher. On a demandé à la fille aveugle de le soigner. Matrona a dit : « Laissez-le ramper vers moi le matin. À trois heures, il rampera. » Et c’est ainsi que l’homme lui-même a rampé jusqu’à la maison de la fille, mais il  est revenu à sa maison sur ses propres pieds !

La fille d’un propriétaire local aimait bien cette gentille fille aveugle et l’a souvent emmenée avec elle en pèlerinage. Ainsi, Matrona a visité la Laure de Kiev, la Laure de la Sainte-Trinité de saint Serge, les monastères de Saint-Pétersbourg et d’autres lieux saints. Quand elle avait 14 ans, elle est venue  en pèlerinage à la cathédrale de Kronstadt, où Jean de Kronstadt lui-même  servait. Quand, après le service, tout le monde s’est approché de la croix, saint Jean, voyant une adolescente s’approcher de lui, et prévoyant sa sainteté, a dit : « Matronushka, viens, viens à moi. Voici mon changement – le huitième pilier de la Russie ! »

À 17 ans, Matrona a soudainement perdu l’usage de ses jambes. Elle est ensuite restée sédentaire toute sa vie.

La révolution est arrivée, les parents de la jeune fille sont morts. Ses frères sont devenus communistes. Pour vivre, elle a dû déménager à Moscou, et  habiter chez des amis ou des connaissances partout où elle a pu être accueillie. Les dernières années de sa vie, elle  a vécuprès de l’Arbat. On lui a donné un coin dans la pièce où vivait sa compatriote avec une fille.

Les gens venaient constamment à Matrona. Jusqu’à quarante personnes par jour. Elle leur  donnait des conseils sur la façon de vivre, guérissait les maladies, leur  apprenait à ne pas perdre la foi en Dieu. Dans le même temps, la sainte elle-même se confessait et prenait la sainte communion régulièrement. Les moines de la Laure de la Sainte-Trinité de saint Serge connaissaient et respectaient bien la sainte femme.

Au cours de sa vie, elle a souvent été persécutée par les autorités. Cependant, Matrona a toujours réussi à éviter l’arrestation. Mais Zinaida Zhdanova, qui vivait avec elle, a été condamnée en tant que membre d’un groupe ecclésiastique-monarchiste anti-soviétique.

 La sainte mourut en 1952. Trois jours avant sa mort, elle  prédisait qu’elle allait bientôt mourir.  À sa demande, elle fut enterrée au cimetière Danilovskoye, où se trouvait à cette époque l’une des rares églises actives à Moscou. Sainte Matrona a demandé à y être enterrée, afin que même après sa mort, elle puisse «écouter le service divin». Beaucoup de gens sont venus sur la tombe de la sainte tout au long  des années. Les gens recevaient de l’aide et des guérisons. Officiellement, Matrona a été canonisée, c’est-à-dire élevée par l’Église au rang des saints, en 1999. Son corps a été retiré de la tombe et transféré au couvent de l’Intercession de la Mère de Dieu à Moscou pour la vénération.

Grâce aux prières de sainte Matrona, des miracles et des guérisons se produisentrégulièrement. De plus, la sainte aide absolument tout le monde : même les gens qui sont loin de l’Église et qui sont non-orthodoxes !

L’actuel Patriarche Kirill vénère également sainte Matrona. Il dit que nous devons recourir à sainte Matrona non seulement pour l’aide et la guérison, mais aussi pour les forces qui nous aideront à porter dignement notre croix personnelle, celle des épreuves, des difficultés et des souffrances de la vie. Qui d’autre sinon une aveugle de naissance, une jeune fille qui a perdu la capacité de marcher, qui a vécu dans les temps les plus difficiles de la révolution et de la guerre, qui a conservé sa foi fervente en Dieu à l’ère de l’athéisme militant, sait ce que sont les difficultés de la vie !

Sainte Matrona, prie Dieu pour nous !