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Dimanche après la Croix

Lorsqu’on demande à Jésus : quel est le plus grand commandement de la Loi, il répond sans hésiter : tu aimeras le Seigneur ton Dieu puis ajoute tout de suite un deuxième, qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même.

De la Loi, de cette série d’ordonnances, de commandements, de règles qui encadrent la vie des Juifs, Jésus sort ce message qui sera celui de tout son enseignement et qui est un message d’amour. Là où certains trouvaient les règles strictes du sabbat, les rituels et ce qu’on appellerait aujourd’hui les traditions, le Christ insuffle un air nouveau qui est celui du cœur.

Aimer Dieu d’abord parce qu’il est la source de toute chose, le donateur de vie, le premier dispensateur de cet amour infini qu’il offre sans compter aux hommes.

Aux hommes à qui il revient de ne pas en profiter égoïstement, mais – en quelque sorte – de partager cet amour reçu de Dieu, en s’aimant les uns les autres d’un amour inspiré par le Seigneur lui-même.

Jésus prêche un évangile d’amour. Comment quelqu’un qui répand un tel message peut-il être crucifié ? Le monde est-il à ce point égoïste qu’il rejette ces paroles comme un bonhomme de glace redoute les premières chaleurs ? Est-ce le sort de tous ceux qui vont prêcher cette voie ?

Oui semble dire saint Paul aux Corinthiens, mais Dieu ne nous abandonne pas : nous sommes pressés, pas écrasés ; terrassés, mais pas détruits.

Oui, dit Jésus : « si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix » …

Et nous, nous disons avoir choisi cette voie. On nous dira : ou bien vous êtes inconscients ou bien vous êtes des fous. Quand Churchill disait à son peuple : je vous promets seulement de la sueur du sang et des larmes, on pouvait se dire que ça ne durerait pas éternellement, juste le temps de finir la guerre, et nous, nous voudrions en faire le temps d’une vie ?

Non pas d’une vie, mais de la Vie. La vie à retrouver. La vraie vie. La vie que Dieu nous donne dans son amour. Ce que nous appelons la vie éternelle et qui est le principe même de la vie. Cette vie là qui est plus forte que la mort. Cette vie dans laquelle il nous sera donné de vivre lorsque nous aurons passé notre temps en ce monde. Cette vie qui pousse à voir la vie autrement, l’homme autrement. Cette vie qui n’est qu’en Jésus-Christ et par Jésus-Christ.

Comme l’écrit encore l’apôtre aux Galates : « si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » … Comme si on avait mis un trésor dans des vases d’argiles.

Car nous restons bien faibles ! Ce désir d’amour, nous sommes si peu aptes à le vivre, si peu capables de donner. C’est comme si nous transportions les pierres précieuses que Dieu nous aurait confiées ou qu’il aurait mises en nous, mélangées aux cailloux que sont nos mille pensées pas toujours des plus élevées, nos mesquineries, nos envies, nos désirs pas toujours des plus purs, nos rancœurs, nos égoïsmes…

Alors ?

Allons-nous nous prendre la tête entre les mains, pleurer tout notre soûl et dire que c’est foutu ? Ce serait notre perte en effet puisque nous n’aurions plus l’espérance que nous aurions perdu la foi dans le salut que Dieu nous donne.

A l’inverse, on peut ainsi mesurer combien grande est la mansuétude du Seigneur, combien grande est sa miséricorde. Et c’est cela que l’on pourra appeler la richesse de notre pauvreté, c’est ce que saint Paul exprime par ces mots : « pour qu’on voie bien que cette extraordinaire puissance appartient à Dieu et ne vient pas de nous ».

Nous, qui avons sans doute notre valeur propre, nos talents, nos qualités mais aussi nos limites. Des limites que Dieu peut nous aider à dépasser. C’est cela notre premier chemin de croix. Notre premier cheminement vers les autres « se renier » dit Jésus, vivre du Christ, dit l’apôtre, qui explique : « tout cela est pour vous, afin qu’une grâce plus abondante fasse abonder l’action de grâces chez un plus grand nombre, à la gloire de Dieu ».

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